Parcours – Jacques Houle

Dans ce nouveau parcours d’artiste, nous accueillons un prêtre-artiste, fervent dans sa foi comme dans son art, et profondément engagé!

Jacques Houle est religieux-prêtre chez les Clercs de Saint-Viateur. Pendant ses études secondaires et collégiales, il fréquente à Joliette l’atelier de Max Boucher.  Il y apprend le dessin, la peinture, la sculpture, la céramique et l’émaillage. Il s’est initié à la gravure à Paris avec Joëlle Serve et a exploré l’univers de l’aquarelle en travaillant avec Albert Rousseau. Souvent il privilégie ce médium qu’il rehausse de plombagine ou de crayon chinois.

Depuis une trentaine d’années, il oeuvre dans le domaine de l’Art Sacré aménageant ou réaménageant des lieux de cultes et en  créant des mobiliers liturgique. Les techniques qu’il a apprises tout comme la réflexion plus théorique qu’il a du faire sont mises au service d’une dimension trop oubliée: beauté, lieux et espaces construisent l’être chrétien
.


Un aperçu de la pratique artistique de Jacques Houle au travers de trois de ses oeuvres récentes:

La flagellation

Un corps meurtri et lacéré

– Acrylique sur toile –

Pilate fit saisir Jésus pour qu’il soit flagellé.  Jn 19:01
    Sur mon dos des laboureurs ont creusé leurs sillons. 
Ps 129:3


Il s’agissait d’un corps véritable, un corps d’homme, le corps de Jésus, celui que Marie lui avait donné. Un corps meurtri et déchiré sans ménagement par les soldats de Pilate.

Cette toile s’est comme imposée dans sa facture. Une portion de toile couleur de peau lacérée comme son dos,  un jeux de bandes latérales rappelant des lanières tachées de sang… Je voulais que ce soit à la fois réaliste comme l’a été la matérialité des faits mais évoqué avec la sobriété du récit. D’ailleurs les récits de la Passion sont d’une retenue et d’une discrétion qui toujours m’impressionne.


La dérision

– Acrylique et feuille d’or sur toile –

Ils lui enlevèrent ses vêtements et le couvrirent d’un manteau rouge.
Avec des épines ils tressèrent une couronne et la posèrent sur sa tête.
Ils lui mirent un roseau dans la main droite.
Pour se moquer ils disaient: «Salut, roi des Juifs». 
Mt 27: 29-30

Du rouge pour évoquer la pourpre royale. Un roseau en guise de sceptre où j’ai mis de la feuilles d’or pour en faire un véritable insigne monarchique en dérision des moqueurs. À la place des épines, du fil barbelé avec ce qu’il peut évoquer de cruauté dont sont victimes ces femmes, ces hommes, ces enfants qu’on enferme dans des camps de réfugiés.


Vous le verrez en Galilée

– Acrylique sur toile –

    Il est ressuscité d’entre les morts
    et voici qu’il vous précède en Galilée.
    C’est là que vous le verrez
.    Mt 28:7

Ce n’est pas en restant prostré dans le noir du tombeau que le Ressuscité se donne à voir, c’est en sortant vers la lumière, ce que le jaune dominant de la toile veut évoquer. Il y a aussi ce vert tapissé de fleur, celui de la verte Galilée au climat agréable, au sol riche et aux ressources végétales abondantes. La riante Galilée! C’est là que Jésus Ressuscité donne rendez-vous. Là où il y a la vie, où il y a ceux qui croient à la vie et qui engagent le combat pour la sauver.


Mon processus créatif

Quand je regarde mon actuelle production, celle qui est devenue mienne depuis que je fréquente le RACEF, je constate que je fais davantage place à l’univers religieux. Et je suis un peu étonné compte tenu de la formation que j’ai eue en fréquentant pendant huit ans l’atelier libre du peintre- sculpteur Max Boucher, en m’initiant à la gravure, en côtoyant Albert Rousseau et Wilfrid Corbeil. Un parcours qui a fait de moi un aquarelliste-paysagiste, avec tout de même le souci d’aller à l’essentiel. Je cherche à traduire l’atmosphère, à retrouver la structure d’un paysage, à en faire quelque chose de graphique. J’ai encore plaisir à m’asseoir dans un coin tranquille avec mon carnet d’esquisses et une petite boîte d’aquarelle – en voyage je les ai toujours avec moi – même si depuis quelques années les pinceaux sont un peu au repos. En fait je me suis davantage adonné au travail du designer en concevant des espaces cultuels et en réalisant du mobilier liturgique.

Par ailleurs, depuis que j’ai été invité à joindre le RACEF en 2017 j’ai fait mien les défis que nous nous sommes donnés. Les rencontres et les partages vécus avec quelques-uns des artistes qui composent le réseau m’ont conduit à oser m’aventurer sur un autre terrain, celui qui fait passer de la Parole à l’image. Et le défi est de taille: se laisser pénétrer par un passage d’Évangile pour ensuite laisser jaillir une oeuvre.

Mon langage pictural a-t-il alors changé? Sans doute, j’utilise de plus en plus l’acrylique mais l’aquarelliste n’est jamais loin, le traitement s’en ressent. Le graveur non plus n’est pas loin. Tout de même j’ai eu à produire des images comme je n’avais pas l’habitude de le faire. J’ai adapté mon approche sans pour autant négliger ce que je cherchais déjà, simplifier, aller à l’essentiel en me dégageant d’un premier niveau de lecture.

Je pense à de hautes toiles que j’ai peintes comme des bannières inspirées d’une thématique un peu particulière, celle des temps liturgiques: le Carême, Pâques, la Pentecôte, l’Avent. À première vue elles sont abstraites, la couleur domine. Elle s’est comme imposée.

Pour une autre série de tableaux inspirés cette fois de la Passion du Christ et de sa Résurrection, j’ai cherché à réduire la représentation en ne retenant que des objets, une sensation ou un contraste lumineux. Dans une toile évoquant la dérision dont Jésus est victime, du rouge suggère la pourpre royale. J’y ai esquissé un roseau en guise de sceptre que j’ai recouvert de feuilles d’or pour en faire un véritable insigne monarchique en dérision des moqueurs. À la place d’épines pour tresser une couronne du fil barbelé avec ce qu’il peut évoquer de cruauté dont sont victimes ces femmes, ces hommes, ces enfants qu’on enferme dans des camps de réfugiés.

Pour rappeler la flagellation de Jésus, son corps meurtri et blessé s’est imposé pour se retrouver dans la facture même de la toile. Une large portion est de couleur chair. Je l’ai littéralement lacérée. Un jeux de bandes latérales rappelle des lanières tachées de sang. Je voulais que ce soit à la fois réaliste comme l’a été la matérialité des faits mais évoquée avec la sobriété du récit. D’ailleurs les récits de la Passion sont d’une retenue et d’une discrétion qui toujours m’impressionnent.

Pour aborder la Résurrection, me sont revenus en mémoire ces mots de l’ange: Vous le verrez en Galilée. Du noir esquisse l’ouverture du tombeau comme si on était encore à l’intérieur. Mais ce n’est pas en restant prostré dans le noir du tombeau que le Ressuscité se donne à voir, c’est en sortant vers la lumière. Pour le dire j’ai utilisé un jaune de cadmium éclatant. Il y a aussi au bas de la toile un aplat de vert tapissé de petites taches évoquant des fleurs. C’est la verte Galilée au climat agréable, au sol riche et aux ressources végétales abondantes. La riante Galilée! C’est là que Jésus Ressuscité donne rendez-vous. Là où il y a la vie, où il y a ceux qui croient à la vie et qui engagent le combat pour la sauver.

Magie des images baignées d’Écriture.


Les oeuvres de Jacques Houle décrites dans cet article seront prochainement exposées à la Basilique Notre-Dame-du-Cap, à Trois-Rivières, au Québec.

Vous êtes cordialement invité.e.s à visiter cette nouvelle exposition itinérante du RACEF intitulée : « Chemin de croix, chemin de vie ». Restez branchés sur le site du RACEF pour être informés des nouveaux lieux de diffusion de l’expo.


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