«Ce qu’elle pouvait faire, elle l’a fait.» (Mc 14, 1-15)

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Évangile de Jésus Christ selon saint Marc, chapitre 14, 1-15

La fête de la Pâque et des pains sans levain
allait avoir lieu deux jours après.
Les grands prêtres et les scribes
cherchaient comment arrêter Jésus par ruse,
pour le faire mourir.
Car ils se disaient :
« Pas en pleine fête,
pour éviter des troubles dans le peuple. »

Jésus se trouvait à Béthanie,
dans la maison de Simon le lépreux.
Pendant qu’il était à table,
une femme entra,
avec un flacon d’albâtre
contenant un parfum très pur et de grande valeur.
Brisant le flacon,
elle lui versa le parfum sur la tête.
Or, de leur côté, quelques-uns s’indignaient :
« À quoi bon gaspiller ce parfum ?
On aurait pu, en effet, le vendre
pour plus de trois cents pièces d’argent,
que l’on aurait données aux pauvres. »
Et ils la rudoyaient.
Mais Jésus leur dit :
« Laissez-la !
Pourquoi la tourmenter ?
Il est beau, le geste qu’elle a fait envers moi.
Des pauvres, vous en aurez toujours avec vous,
et, quand vous le voulez,
vous pouvez leur faire du bien ;
mais moi, vous ne m’avez pas pour toujours.
Ce qu’elle pouvait faire, elle l’a fait.
D’avance elle a parfumé mon corps pour mon ensevelissement.
Amen, je vous le dis :
partout où l’Évangile sera proclamé
– dans le monde entier –,
on racontera, en souvenir d’elle, ce qu’elle vient de faire. »

Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible – © AELF, Paris

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COMMENTAIRES

« Jésus leur dit :
« Laissez-la !
Pourquoi la tourmenter ?
Il est beau, le geste qu’elle a fait envers moi…
Ce qu’elle pouvait faire, elle l’a fait. »

Dans chacune de nos vies, n’y a-t-il pas de ces tournants décisifs qui engagent librement toute la personne?

Geste de DON en pure folie…  Qui change non pas tant Jésus, mais celle/celui qui l’accomplit… De l’ordre d’un « Oui » total et libre, une sorte de « saut qualitatif » qui signe un Amour transformant…

« Ce qu’elle pouvait faire, elle l’a fait. »

Marie-Hélène

« ETRE COMME LE PARFUM, TRÈS PUR ET DE GRANDE VALEUR. »

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Seigneur, comment peux-tu en connaitre la grande valeur si tu ne viens pas me briser pour en reconnaitre tout l’arôme. J’ai peut-être l’air d’un contenant comme tous les autres contenants, mais je suis fragile, difforme, aux couleurs fades, un contenant qu’on est tenté de tasser d’un coup de pied.

Mais toi, Seigneur, prends-moi dans tes mains, regarde attentivement ce flocon, dis… tu me reconnais, je suis ton enfant qui a perdu l’odeur de ton amour, je me suis laissée emballer par des paroles qui n’avaient aucune saveur et sinon regretté mon essence.

Jésus, en ce temps de carême, moi aussi j’aimerais parfumer ton Corps par des gestes et paroles tellement odorantes pour que l’univers entier perçoive ton approche en disant : ça sent la paix, l’amour, la miséricorde, la bienveillance, le pardon, et me faire dire « ce qu’elle pouvait faire, elle l’a fait… »

Mariette  

Comme on est vite à juger ceux qui sont différents et que l’on est vite à les marginaliser de nos sociétés. Ces gens bizarres, ceux qui étonnent, ceux qui dérangent, par leur simplicité, mais aussi par leurs gestes soudains, portés par un élan du cœur plein de tendresse, d’empathie, de vérité et d’amour.

Ces gens, comme cette femme qui a osé répandre le parfum sur les pieds de Jésus, sont nos guides. Merci Seigneur pour ces anges que tu envoies à notre rencontre pour nous enseigner le chemin qui mène à toi.

Merci de me donner de les imiter, d’écouter et de suivre les antennes de mon coeur, que cela paraisse complètement farfelu, ou que cela vienne bousculer les rêves, idées ou projets plus « sérieux », qui viennent logiquement sembler répondre à un projet plus grand. Donne-moi de simplement souhaiter te rendre grâce, te louer et te servir en tout temps.

Solane

Pendant que certains n’attendent que la mise à mort du corps de Jésus et son ensevelissement, cette femme – dont le cœur a été ouvert par Jésus – le glorifie plutôt en répandant sur lui un parfum précieux, et ce faisant, par son amour plutôt que par son savoir, elle le prépare à cette descente au tombeau qui ouvre tous les tombeaux, libérant non seulement nos âmes, mais aussi nos corps ensevelis sous le poids de nos divisions et autres savants calculs.

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Ce corps de Jésus que l’on continue à vouloir ensevelir à tout prix en ne retenant de lui qu’une idée, une philosophie, une morale, une sagesse, un symbole… voire un précieux parfum, c’est aussi nos propres corps que nous ensevelissons encore et toujours, car sans l’incarnation réelle et tangible de l’Amour de Dieu, quel est le corps qui peut rassembler tous les corps divisés – comme autant de membres dispersés – en un seul corps, non séparés et pourtant non confondus, et ainsi les rebrancher à l’Arbre de Vie?

Michaël

Seigneur pourras-tu dire cela de moi un jour; « ce qu’elle pouvait faire, elle l’a fait? » Ai-je le courage de poser des gestes qui me viennent du coeur mais qui sont à l’encontre du « bon sens », de l’ordre établi? Ai-je le courage, tout comme cette femme l’a eu, d’agir parfaitement selon mon coeur sans me conformer au monde, en faisant fi des opinions des autres? Et plus courageux encore, de faire fi de ce qui semble juste dans le regard du monde? Comme cette femme qui apparemment gaspille beaucoup d’argent en versant le parfum sur la tête de son Seigneur, elle aurait pu le donner aux pauvres…Seigneur permet que j’entende sans filtre l’élan de mon coeur et que sans tarder et sans peur, je le mette à exécution. Je te demande pardon pour toutes les fois ou j’agis comme ceux qui s’indignent et se conforment aux lois du monde en oubliant de Te servir le premier.

Merci pour cette femme qui éternellement verse le plus précieux parfum sur ta tête pour glorifier son Seigneur!

Mariette-Renée

Ce qu’elle pouvait faire, elle l’a fait

Cette fois, à Béthanie, Jésus n’est pas chez ses amis Lazare, Marthe et Marie, mais l’un des invités chez Simon le lépreux. Dans ce milieu-là, on sait que certains complotent pour faire arrêter Jésus, surtout depuis qu’il a ressuscité Lazare. Sa tête est mise à prix. Une odeur de mort rôde alentour mais on n’en parle pas.

Cette femme qui entre chez Simon va briser le silence en brisant le vase d’un parfum très précieux. Qui est cette femme « qui vint » chez Simon? Quelle que soit sa réputation – peut-être une exclue elle-même – elle a compris intuitivement que cet homme n’est pas comme les autres. À sa manière elle ose parler de sa mort prochaine, de la menace qui pèse sur lui. Jésus enchaîne, ouvre la bouche pour reconnaître qu’elle dit vrai, que son geste de don est sur le bon registre… tandis que les autres opinent sur ce qu’il eut mieux valu faire avec cette pièce de grande valeur. Oui, « ce qu’elle pouvait faire, elle l’a fait ». Par son geste, sans un mot, elle crie : ouvrez vos yeux, ouvrez vos cœurs et vous saurez qui est cet homme!

Comme ces invités qui invoquent la valeur de l’aumône en faveur des pauvres, nous nous situons souvent au registre des bonnes intentions et des bonnes pratiques alors qu’il nous est demandé de faire un saut dans la foi pour reconnaître qui est Jésus dans notre histoire humaine.

Aujourd’hui, à Béthanie, Jésus vit consciemment l’approche de sa mort. Il pressent qu’on ne le suivra pas dans la tourmente; plusieurs qui l’ont suivi et admiré quand il donnait des signes de sa puissance vont s’abstenir de plaider en sa faveur lorsqu’il sera contesté, accusé.  Suis-je « avec lui » dans la peine comme dans les beaux jours? Suis-je en voie de passer au registre de la compassion qui dépasse le convenu, les apparences pour ouvrir mon cœur et m’approcher de celui ou celle qui attend d’être libéré de la solitude et de la dépendance? Puis-je prendre dans mon cœur ces chrétiens persécutés dans le monde pour prier avec eux, faute de pouvoir être à côté d’eux pour partager leur peine et leur combat?

Quand je vois une maison s’ouvrir pour accueillir un jeune en danger, ou une municipalité accueillir une résidence pour des ex-détenus en période de transition, je me dis que l’amour est plus fort que la peur, et que ces gestes d’accueil valent plus que tout l’or du monde. Autant que le parfum que cette femme a répandu sur Jésus.

Gisèle

Pourquoi ai-je fait cela? Qu’est-ce qui m’a poussée à prendre ce parfum de grand prix et à en verser tout le contenu sur la tête de cet homme appelé Jésus de Nazareth? Aucune pensée, aucune raison ne peut justifier cette folie aux yeux du monde.

Et pourtant c’était impérieux, il fallait que je le fasse, et rien ni personne aurait pu arrêter la volonté qui m’animait à ce moment là.  Je l’ai fait, ou plutôt, ce geste a voulu se faire au travers de moi, bien au-delà de mon propre vouloir.

Oui, tout, tout ce flacon de parfum d’une valeur inestimable a voulu être versé sur la tête de celui qui a tout, tout, tout donné. Cela, je ne l’ai véritablement su que plus tard. Mais la présence à laquelle j’obéissais sur le moment même le savait très bien, même si moi, pauvre petite servante, je ne l’avais pas encore compris.

Nénuphar

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Ce passage d’évangile vient mettre en lumière la place du discernement dans nos choix de  vie. Ce qui est important ici, Jésus nous le rappelle, c’est l’amour. Cette femme n’est pas un disciple de Jésus mais voilà qu’elle sentait le besoin de montrer son affection envers Jésus en lui versant du parfum hors prix sur sa tête. C’était sa façon à elle de lui dire : « je t’aime. » Encore une fois l’argent est omniprésent dans nos vies et nous devons toujours discerner pour en faire un bon usage. « Des pauvres, vous en aurez toujours avec vous » dit Jésus.

Des fois il nous est difficile de ne pas penser à notre mission, notre travail en délaissant ceux et celles qui partagent notre vie. Concilier travail-famille-amis devient un casse-tête au quotidien quand il s’agit de  donner du temps aux personnes qui nous sont chères. Combien de fois les parents doivent sacrifier le temps passé en famille pour répondre aux besoins de leur mission, de leur travail  ou pour joindre les deux bouts afin de gagner un bonus pour satisfaire les besoins de la famille.

Jésus prend plaisir aux gestes du cœur et Il nous rappelle l’essentiel : tous les petits gestes d’amour que nous pouvons faire pendant que la personne est encore proche de nous, bien vivante au milieu de nous, faisons-les de tout cœur. Alors, n’attendons pas la mort pour encenser, embaumer de parfum et de fleurs nos proches et amis. Prenons le temps pour vivre l’instant présent dans l’amour. Demandons à Jésus de nous conduire vers les valeurs qui nous élèvent vers son humanité et divinité.

Merci Jésus de nous ramener à l’amour.
Aide-nous à fixer notre regard sur Toi
Afin que  nous puissions t’aimer à travers nos prochains.

Mon Seigneur et mon Dieu,
Donne-nous la grâce du discernement.
Ne permets pas que l’argent soit le moteur de notre vie.
Donne-nous la paix du cœur qui nous sécurise et
nous délivre des tentations de ce monde.

 

Karine

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