Nous sommes toutes et tous invités à une troisième rencontre avec Jésus, en nous identifiant cette fois-ci à Marie, sa mère, témoin privilégié de son enfance et de sa vie. En nous inspirant des textes et images de cet article, imaginons ce que nous aurions vécu si nous avions été à la place de Marie et témoignons-en sous forme d’écrits et d’images!
Les évangélistes ont été très discrets sur la relation entre Marie et Jésus dans son enfance. L’art sacré chrétien a par la suite abondamment représenté la tendresse partagée entre l’enfant et sa mère.
Marie, mère de Jésus
Par Daniel Cadrin, o.p.
La relation entre Marie et Jésus enfant a suscité une vaste iconographie, très variée. Les deux personnages sont présents ensemble dans plusieurs scènes des Évangiles : la nativité, les mages, la fuite en Égypte, la présentation au temple. Mais il s’est développé aussi une image de Marie avec son enfant qui ne relève pas comme telle d’une scène biblique. Elle exprime le lien privilégié entre la mère Marie et le fils Jésus. Cela touche une dimension universelle de la condition humaine : la relation de proximité entre une mère et son enfant, avec ce que cela évoque de tendresse, de soins, de fierté.
On voit aussi la relation entre la mère et le fils en d’autres récits des Évangiles : Marie avec Jésus adolescent, lors du voyage à Jérusalem et au Temple (Lc 2, 41-52); Marie avec Jésus adulte, à Cana (Jn 2, 1-12), en chemin (Mc 3, 31-35), et à la Croix (Jn 19, 25-27). Nous abordons ici seulement Marie et Jésus enfant.
Les oeuvres plus anciennes montrent Marie comme une figure royale, assise sur un trône, tenant sur elle le fils héritier et le montrant pour qu’il soit vénéré. Ce qu’on trouve dans l’adoration des mages.
Ces éléments vont persister mais une figure plus humaine de Marie va apparaître, moins hiératique, et portant attention à son fils bien-aimé. L’enfant garde un statut royal mais peut être enjoué, ou collé à sa mère. Quelquefois, Marie sera montrée en train de nourrir l’enfant.
En d’autres œuvres, à partir du 15e siècle, des personnages vont se joindre à la mère et à l’enfant, ce qu’on appelle les conversations sacrées. Ces saints et saintes sont en relation les uns avec les autres. Marie et l’enfant sont au centre, sur un trône ou une élévation.
Une figure plus rare est celle de Marie la mère éducatrice, apprenant à l’enfant Jésus à parler, à prier, à lire. Alors qu’on trouvait cela dans les images de Joseph avec Jésus dans l’atelier, apprenant le métier de son père.
Dans la tradition iconographique des Églises orientales, on trouve des icônes particulières de Marie et Jésus enfant, comme la Kyriothissa (la Mère de Dieu en majesté), L’Hodiguitria (la Conductrice, celle qui montre le chemin), et l’Éléousa (la tendresse maternelle).
Voici une dizaine d’œuvres montrant divers visages de Marie et son enfant Jésus. On peut les regarder en disant : « Tu es bénie entre toutes les femmes et Jésus le fruit de tes entrailles est béni. »
- La Vierge à l’enfant, mosaïque, 6e siècle, Basilique St-Apollinaire-le-Neuf, Ravenne, Italie. Cette œuvre, une Vierge Kyriothissa, s’inscrit dans l’art byzantin de Constantinople, avec sa cour impériale. Marie trône en majesté, avec l’enfant royal sur ses genoux. Ce n’est plus un nouveau-né et son nimbe est cruciforme. Le trône est garni de pierres précieuses et des fleurs jonchent le sol. Ils sont entourés d’une escorte de deux archanges de chaque côté. La main de Marie et celle de Jésus sont tournées vers la droite, vers la mosaïque précédente où les trois mages arrivent avec leurs présents.
- Notre-Dame de Sous-Terre, 11e siècle, crypte de la Cathédrale de Chartres, France. Cette statue en bois de noyer est une copie de l’originale, brûlée en 1793 lors de la Révolution française. Son nom vient de son lieu (la crypte). On voit une Marie très hiératique, assise sur un trône et couronnée; ses yeux sont fermés. Elle tient l’enfant de ses deux mains. Celui-ci se tient dignement comme un fils royal, avec un globe dans une main et l’autre qui bénit.
- Madone de l’humilité, Fra Giovanni di Fiesole (surnommé Angelico), 1430-1433, Galerie Nationale, Parme, Italie. Fra Giovanni a peint un très grand nombre de Madones, souvent entourées de saints ou d’anges musiciens. La mère et l’enfant sont toujours très proches, avec un contact physique et une relation de tendresse. Les décors et habits varient. Ici, des rideaux à l’arrière, Marie en bleu assise sur un coussin ou une pierre, l’enfant en rouge, et des séraphins au long de l’ovale. En bas, élément intéressant, la rencontre de saint Dominique et saint François, entourés de saint Jean-Baptiste et saint Paul. De quoi parlent-ils ?!
- Nostre Dame de Grasse, sculpture de calcaire, 15e siècle, Musée des Augustins, Toulouse, France. Voici une mère avec enfant très étonnante. Marie, jeune femme élégante et couronnée, détourne son regard de Jésus; elle se tient à distance, avec un air mélancolique. Nous sommes loin des figures habituelles! Et l’enfant semble vouloir s’en aller de son côté. Une explication serait que d’autres personnages faisaient partie de l’œuvre, comme les mages ou les donateurs, et que Marie et Jésus auraient été alors situés devant eux. Mais il demeure que Marie a l’air d’une jeune fille désemparée.
- Madonna del Prato, Giovanni Bellini, 1505, National Gallery, Londres, Angleterre. Bellini a peint plusieurs madones. Celle-ci, qu’on appelle aussi Madone de la prairie, fait partie des oeuvres de sa dernière étape. La mère et l’enfant sont dans un paysage de campagne, avec des animaux et oiseaux, des arbres et montagnes, et une forteresse au loin. Des dimensions symboliques sont présentes dans ces éléments. Le ciel est lumineux, avec quelques nuages. Marie porte l’enfant mais sans trône, humblement. L’enfant dort paisiblement. Il en émane une grande douceur et une invitation à la méditation.
- La Madone Sixtine, Raphaël Sanzio, 1513-1514, Gemäldegalerie, Dresde, Allemagne. Voici une Madone très célèbre et admirée. La mère et l’enfant sont sur des nuages; des rideaux ouverts les encadrent, comme s’ils descendaient du ciel. Ces deux figures, tendres et touchantes, nous regardent. Saint Sixte et sainte Barbara les entourent; deux angelots sont accoudés sur une balustrade, avec un air amusé. Ces éléments établissent un contact avec les regardants.
- La Madone des Pèlerins, Le Caravage, 1603-1605, Église St-Augustin, Rome, Italie. Cette œuvre a ému beaucoup de gens mais en a aussi scandalisé plusieurs! Voici Marie comme une solide femme du peuple, aux pieds nus, et non une délicate princesse. Elle est en plein quartier populaire, avec un enfant costaud dans les bras. Les deux pèlerins ont les pieds sales, des mains qui ont travaillé, et des visages rugueux. Ce sont des gens du peuple et l’enfant les bénit. La lumière baigne la mère et l’enfant, comme Le Caravage sait le faire.
- Christ et sa mère lisant les Écritures, Henry Ossawa Tanner, c.1909, Dallas Museum of Arts, Dallas, États-Unis. Tanner est le premier peintre afro-américain qui a connu une carrière internationale. Il a fait face au racisme en son pays et il a dû s’exiler en France. Fils de pasteur, il a réalisé plusieurs œuvres religieuses profondes et innovatrices. Ici, nous voyons une scène rare dans l’iconographie mariale : Marie apprend à lire à son fils, à partir des Écritures. La mère et le fils sont proches. Les modèles furent Jessie Olson, épouse de Tanner, et Jesse Ossawa, son fils.
- Mère de Dieu de Vladimir, début du 12e siècle, Galerie Tretiakov, Moscou, Russie. Cette icone est historiquement l’une des plus importantes de la Russie dont elle fut protectrice. A l’origine, elle était dans l’église de la ville de Vladimir. Dans cette Vierge de tendresse (Éléousa), les joues de Marie et de l’enfant se touchent, exprimant l’intimité et l’affection qui les unissent. Le regard de Marie est affligé, anticipant le sort douloureux de son fils. Celui de Jésus est grave et attentionné.
- Madone à l’enfant, Marianne Stokes, c.1907-1908, Wolverhampton Art Gallery, Wolverhampton, Angleterre. Cette femme peintre, d’origine autrichienne, a été influencée par le courant Pré-Raphaélite et le naturalisme. Elle a vécu en plusieurs pays d’Europe. Elle a peint aussi plusieurs œuvres religieuses. Cette Madone a été réalisée à Dubrovnik en Croatie, ce qui est évoqué par les vêtements de Marie. Les tiges d’épines à l’arrière annoncent la passion et le mystère pascal. La mère et l’enfant nous regardent.
Dessins à tracer et à colorier
Nous sommes invités à vivre de l’intérieur la relation de tendresse entre Marie et Jésus.
D’après notre expérience, une des meilleures façons de se plonger dans le vécu de cette rencontre, c’est de la dessiner. Peu importe la manière, quelques traits et un peu de couleur peuvent suffire. Que l’on copie, trace ou colorie un modèle, l’important est de prendre un temps d’intériorité pour se familiariser avec le sujet. Aucun besoin d’avoir de l’expérience, il n’est pas ici question de performance artistique ni d’habileté. C’est une activité de contemplation à laquelle le dessin nous convie.
Vous pouvez utiliser une des images publiées dans cet article comme source d’inspiration, ou consulter les nombreuses images disponibles sur Internet sur le thème « Marie et Jésus », ou encore imprimer les modèles simplifiés ci-dessous pour les tracer et les colorier.

Cliquer sur l’image pour l’agrandir et la sauvegarder!

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Pour vivre pleinement le processus de création et d’appropriation des extraits des évangiles, les participants sont invités à se réunir en ligne en petits groupes. Nous offrons au besoin un soutien à la création de groupes (au moyen de rencontres Zoom).
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