Illustration inspirée d’une œuvre du peintre italien Duccio di Buoninsegna
Évangile selon Saint-Jean, chapitre 13, de 20 à 31
En vérité, en vérité, je vous le dis, qui accueille celui que j’envoie m’accueille; et qui m’accueille, accueille celui qui m’a envoyé. »
Ayant ainsi parlé, Jésus fut troublé en son esprit et il attesta : « En vérité, en vérité, je vous le dis, l’un de vous me livrera. »
Les disciples se regardaient les uns les autres, ne sachant de qui il parlait.
Or, l’un d’eux était appuyé tout contre Jésus; c’était celui que Jésus aimait.
Simon-Pierre lui fait signe pour lui dire : « Qui est celui dont il parle? »
Le disciple, s’étant penché sur la poitrine de Jésus, lui dit : « Seigneur, qui est-ce? »
Jésus répondit : « C’est celui à qui je donnerai la bouchée que je vais tremper. » Et, ayant trempé la bouchée, il la donna à Judas Iscariote, fils de Simon.
Aussitôt que Judas l’eut pris, Satan entra en lui. Jésus lui dit alors : « Ce que tu fais, fais le vite. »
Aucun de ceux qui étaient à table ne comprit pourquoi il lui disait cela.
Comme Judas tenait la bourse, certains pensaient que Jésus voulait lui dire : « Achète ce qu’il faut pour la fête », ou : « Donne quelque chose aux pauvres. »
Judas, ayant pris la bouchée, se hâta de sortir. Il faisait nuit.
Lorsque Judas fut sorti, Jésus dit : « Maintenant le Fils de l’homme a été glorifié, et Dieu a été glorifié en lui.
______
Commentaires
Comme Judas tenait la bourse, plusieurs pensaient que Jésus voulait lui dire: « Achète ce qu’il nous faut pour la fête », ou qu’il lui commandait de donner quelque chose aux pauvres. Jean 13, 29. Un double appel: acheter ce qu’il faut pour la fête ou donner quelque chose aux pauvres. Dans l’esprit de Jésus, le visage du prochain a deux traits: les siens et les pauvres.
Seigneur, aide-moi à être attentive aux deux.
Fernande
» Jésus fut troublé en son esprit »
À la présence de Judas, la douleur de la trahison venait de s’emparer de Jésus. Un sentiment qui détruit l’être dans son entièreté. Le cœur peut-il aller au delà de ce geste?
Jésus, je connais ta compassion pour l’être humain et ça me rassure. Mais pour moi je doute de ma capacité à un tel geste. Seigneur se pourrait-il qu’à l’occasion je te trahisse par des actes ou paroles. Alors prends pitié de cette pauvreté et accorde moi la grâce du pardon. Le temps du carême me prépare à déceler les petits judas qui se présentent à ma table en me faisant miroiter le pouvoir de l’argent. La semaine de la passion de Jésus est un temps désigné pour reconnaitre ce geste ultime de son amour pour moi…
Mariette
« Seigneur, qui est-ce? »
Jésus répondit : « C’est celui à qui je donnerai la bouchée que je vais tremper. » Et, ayant trempé la bouchée, il la donna à Judas Iscariote, fils de Simon. Ce passage qui me touche est, pour moi, encore une fois la preuve que non seulement on contrôle, mais qu’on est à l’origine de bien peu de choses. Il est si facile d’identifier Judas comme étant LE mauvais, le méchant, le coupable, celui à cause de qui notre Seigneur a pu être mis à mort.
Or voici que cet extrait d’évangile nous rappelle que c’est suite à ce que Jésus lui ait donné le bout de pain trempé dans le vin que Judas fut investi de sa mission. Pour que puisse se révéler la gloire de Dieu.
Judas, oui, je peux le voir comme le méchant. Je peux aussi le voir comme la marionnette qui pourra permettre l’accomplissement du dessein de Dieu. Au-delà des apparences. Et de voir qu’au bout des ténèbres, notre Seigneur vainc la mort. C’est le fait de ne pas y croire qui a conduit Judas à sa perte.
Et c’est drôle de voir comment les manques de foi dans la grandeur de l’amour et de la miséricorde de notre Seigneur pour nous, me conduisent aussi vers les ténèbres, dont il m’est impossible de sortir seul.
Merci Seigneur de me donner de pouvoir toujours aimer mon prochain, au-delà des apparences. Merci aussi de permettre de toujours me tourner vers toi et me plonger dans ta miséricorde, chaque fois que je voudrais m’attribuer le blâme pour tous les maux de l’humanité, ou simplement me considérer comme le pire monstre sur Terre. Je veux aussi participer, contribuer à l’avènement de ton règne. Comme bon te semblera. Merci de me donner d’être pleinement ton instrument, au-delà des apparences extérieures.
Solane
» Qui accueille celui que j’envoie m’accueille; et qui m’accueille, accueille celui qui m’a envoyé « , et « je vous le dis, l’un de vous me livrera », telles sont les deux paroles qui sèment le trouble parmi les disciples et qui annoncent l’accomplissement de l’Écriture.
En quelques instants, au moment choisi par lui, Jésus donne l’ordre que le sacrifice de sa vie soit accompli. Il connaissait Judas depuis toujours mais il n’avait pas permis à Satan de prendre possession de lui. Or ce jour là, Satan entre en Judas « avec » la bouchée qui, donnée par Jésus, le désigne comme « Celui qui mange mon pain a levé son talon contre moi ».
Aussitôt, « Ce que tu fais, fais-le vite » est l’ordre donné à Satan, « envoyé » par Jésus en Judas, et c’est envahi par les ténèbres que Judas, soumis à Satan, va ouvrir le chemin à la Passion de Jésus. En « accueillant » en lui Satan des mains de Jésus, Judas perd sa liberté mais connaîtra la souffrance, la perte de toute espérance, lorsque ayant dénoncé Jésus, Satan se retirera. La vérité révélée lui sera insupportable. Il y a dans ce récit un terrible avertissement. L’hypocrisie ne trompe pas le Père, ni le Fils.
Pierrette
Le psaume (138/139) le dit si bien : « Tu me scrutes, Seigneur, et tu sais! Tu sais quand je m’assois, quand je me lève; de très loin, tu pénètres mes pensées. » Oui, Jésus, l’Homme-Dieu, savait que Pierre allait le renier tout comme Judas le livrer. Pourtant, Il les a laissé libre avec leur conscience et les aima jusqu’au bout. Jésus a marché avec ses disciples en connaissant bien leur force et leur faiblesse et en sachant que leurs yeux seront ouverts qu’à la résurrection avec une nouvelle compréhension de son enseignement. Imaginez la stupéfaction du groupe quand Jésus a révélé la pensée de Judas et anticipé son action. Malheureusement, Judas n’a pas su comment retourner vers Jésus après l’avoir livré aux bandits parce que son aveuglément l’a égaré en chemin. Son amour de l’argent l’a poussé à trahir son maître et Seigneur et c’était douloureux pour lui de se regarder et d’accueillir le regard des autres. Il ne s’est pas pardonné cette faute si honteuse et n’a pas su capter le regard aimant et miséricordieux de Jésus comme Pierre l’a fait.
Seigneur, Jésus, Toi le miséricordieux,
Me voici devant Toi, telle que je suis.
J’ai besoin de Toi. J’ai besoin de Ton amour.
Ouvre mon cœur à Ta Parole de vie et de liberté.
Pardonne-moi mes égarements qui m’éloignent de Ton amour.
Ramène-moi dans Tes bras réconfortants et si doux.
Pénètre-moi de Ton regard si aimant et miséricordieux.
Fais-moi demeurer dans Ton amour et donne-moi Ta paix et Ta joie.
Karine
Lorsque Judas fut sorti, Jésus dit : « Maintenant le Fils de l’homme a été glorifié, et Dieu a été glorifié en lui ». En lisant et relisant l’extrait d’Évangile, je reviens sans cesse à cette phrase. Pourquoi Jésus dit-il que le fils de l’homme a « maintenant été glorifié » et Dieu en lui, une fois que Judas est sorti pour le trahir. C’est comme si, dès le moment ou Jésus confirme lui-même l’intention de Judas en lui donnant la bouchée de pain trempée, Jésus a déjà dit oui. Il a déjà embrassé pleinement sa passion. C’est donc avec la permission de Dieu, et on pourrait presque dire avec sa bénédiction, que Judas accomplit l’action qu’il semble pourtant avoir prémédité à l’insu de Jésus et en quelque sorte contre lui.
Ce passage illustre parfaitement que même les volontés les plus sournoises et les plus cachées sont déjà connues de Dieu, avant même qu’elles se révèlent au travers de gestes et de paroles.
On peut même se demander si Judas aurait été jusqu’au bout, s’il aurait vraiment pu réaliser son projet de « vendre » le Christ aux anciens, si Jésus ne lui avait pas donné un coup de pouce. En invitant Satan à se joindre à la partie, Jésus a presque été chercher un renfort pour s’assurer que le plan de Dieu, celui qui permettra à son Fils bien-aimé de racheter les hommes de leur péché et de les sauver, puisse entièrement s’accomplir. Ainsi, même si Satan est un rebelle qui ne veut en faire qu’à sa tête, il ne peut faire autrement que se retrouver ultimement au service de Dieu lorsque Celui-ci le décide par amour.
Pour moi, l’ensemble du passage revient confirmer que tant que nous ne sommes pas entièrement donné à Dieu, à la fois dans nos vies personnelles et collectives, il y aura toujours l’un d’entre-nous ou une partie à l’intérieur de nous qui « livrera » Jésus-Christ. Ce faisant, nous « sortons dehors », nous cessons de partager le pain de l’Eucharistie, l’amour et la lumière du Messie, et nous rencontrons la nuit noire et froide. Pardonne-nous Seigneur, pardonne nos égarements, permet à chaque graine de Judas en nous de revenir vers toi se jeter à tes pieds avant de te trahir, avant de te vendre, avant de te faire condamner par les puissants de ce monde!
Nénuphar
Dans ce passage d’Évangile, la tentation est grande de me dire que Jésus et Judas étaient complices, comme si Judas obéissait courageusement et par amour à la demande de Jésus d’aller le « vendre », tout simplement parce que l’heure était venue de manifester Sa Passion.
Mais voilà, il est dit aussi que Satan entre en Judas à ce moment-là…
Alors la tentation est grande aussi de me dire « Mais là, pauvre Judas! Que peut-il contre Dieu… si Dieu a décidé qu’il fallait quelqu’un pour livrer Jésus et que c’est lui, Judas, qui est tout désigné… sous prétexte qu’il est un peu plus calculateur que les autres? »
Mais pécheur, nous le sommes tous… et si ce n’est par la grâce de Dieu, Satan entre comme il le veut en chacun de nous.
Alors pourquoi Judas? Et que peut-il faire si Dieu lui-même lui donne cette bouchée qui ouvre la porte à Satan?
Mais voilà, Dieu connait les cœurs… et face à notre tiédeur, sa nourriture devient source de division plutôt que de communion.
Comme pour Pharaon, Dieu durcit notre cœur lorsque celui-ci ne bat que pour des idoles… ou plutôt, notre cœur s’assèche et se durcit de lui-même lorsqu’il se coupe de sa source divine. La providence de Dieu n’advient pas pour punir, mais plutôt pour révéler le mensonge, pour nous libérer de cet entre-deux où tout se confond et se banalise, où tout se justifie selon les lois d’un monde qui rejette Dieu et Son Amour.
Alors seulement… le Fils de l’homme est glorifié, et Dieu en lui.
Michaël
_____
Pour lire l’article en fichier PDF afin d’agrandir les caractères, de le partager à d’autres, de le sauvegarder ou de l’imprimer facilement, cliquer le lien ci-dessous :