Illustration d’après une œuvre du peintre Julius Schnorr von Carolsfeld
Évangile de Jésus Christ selon saint Jean 2,13-22.
Comme la Pâque des Juifs approchait, Jésus monta à Jérusalem.
Il trouva installés dans le Temple les marchands de bœufs, de brebis et de colombes, et les changeurs.
Il fit un fouet avec des cordes, et les chassa tous du Temple ainsi que leurs brebis et leurs bœufs ; il jeta par terre la monnaie des changeurs, renversa leurs comptoirs,
et dit aux marchands de colombes : « Enlevez cela d’ici. Ne faites pas de la maison de mon Père une maison de trafic. »
Ses disciples se rappelèrent cette parole de l’Écriture : L’amour de ta maison fera mon tourment.
Les Juifs l’interpellèrent : « Quel signe peux-tu nous donner pour justifier ce que tu fais là ? »
Jésus leur répondit : « Détruisez ce Temple, et en trois jours je le relèverai. »
Les Juifs lui répliquèrent : « Il a fallu quarante-six ans pour bâtir ce Temple, et toi, en trois jours tu le relèverais ! »
Mais le Temple dont il parlait, c’était son corps.
Aussi, quand il ressuscita d’entre les morts, ses disciples se rappelèrent qu’il avait dit cela ; ils crurent aux prophéties de l’Écriture et à la parole que Jésus avait dite.
Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible – © AELF, Paris
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COMMENTAIRES
« L’Amour de ta maison fera mon tourment »
Les tourments changent suivant les époques, mais la Maison du Vivant tient bon…
Tant que dans ses pas, « l’Amour de Sa Maison fait notre tourment », Son Esprit ouvre toute grande la demeure de notre être pour œuvrer sur Ses Chemins: toujours inédits et surprenants!
Marie-Hélène
La maison de ton Père, c’était ton corps, ô Jésus. Cette humanité à travers laquelle le Père révélait sa tendresse. Et aujourd’hui, mon corps est aussi celui en qui vous faites votre demeure. Chassez donc ces marchands. Enlevez ce qui détourne de votre amour pour que tous ceux qui m’approchent sentent Ta présence.
Fernande
Enlevez cela de la maison de mon Père! Si Jésus compare le temple à son corps, n’en est-il pas de même pour nous ses enfants. Alors pour nous aussi, qu’est-ce qui fait de nos cœurs, de notre relation à Dieu, des marchands? Qu’est-ce qui nuit à notre rencontre amoureuse avec Lui? Faisons place à la prière en nos cœurs! Aménageons des espaces de quiétude dans sa présence, loin des tumultes et boucans du quotidien, pour que nous soyons vraiment pour Dieu des fils, et que nous trouvions vraiment en Lui, notre Père tout aimant, avec qui il fait bon vivre.
Sylvie
« Enlevez cela d’ici ne faites pas de la maison de mon Père une maison de trafic « Cette phrase me rejoint tout particulièrement. Le trafic à Dieu, j’essaie parfois de le prendre dans le détour de ma transaction, qu’il me donne ce qui pour moi semble indiscutable, mon comptoir est plein de bonne volonté et parfois je suis tout près d’envoyer une colombe faire du maraudage auprès de Dieu pour justifier mon comportement. Jésus prend dans tes bras la fragile brebis que je suis, je mérite le fouet, pas comme le monde le ferait mais le fouet de ton amour pour que les marques incrustées sur mon cœur me rapprochent constamment de Toi et qu’on te reconnaisse dans mes gestes quotidiens. Père, tu peux renverser tout ce qui n’est pas de toi pour me préparer à l’accueil du pardon de la patience et d’amour dans ta demeure parmi les hommes….
Mariette
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Quelques mots
Jésus a parlé, il a enseigné, il a nourri des foules, il a guéri des malades, mais cela n’a pas suffi. On lui demande encore des signes. Même quand il aura fait surgir du tombeau son ami Lazare, on ne voudra pas le reconnaître comme l’envoyé de Dieu. Ce jour-là, comme après son action d’éclat au temple, on va d’ailleurs chercher à le faire taire à tout jamais.
Ces gens qui hésitent et qui résistent, qui se bouchent les oreilles ont quelque chose en commun avec moi, avec nous. Nous sommes si lents à croire, comme les disciples qui ont pourtant accompagné Jésus depuis des lunes. À certains jours nous sommes témoins enthousiastes de son pouvoir d’attraction, entre autres quand il est possible de constater l’action de l’Esprit dans un cœur humain. À d’autres moments, nous repliant sur nous-mêmes (nos pièces de monnaie, nos possessions, nos relations, notre réputation), nous passons à l’état de légitime défense et nous oublions de rechercher avant tout la volonté du Père.
En regardant le fouet dans la main de Jésus, je veux me souvenir de sa passion pour faire de nous des êtres libres, plus disponibles à la louange et à la vraie solidarité avec celles et ceux qui ont le plus besoin d’être libérés par son regard bienveillant.
Gisèle
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Passage dur. Le claquement du fouet surprend, choque, glace, et réveille… Surtout venant de Jésus.
Peut-être pour nous éveiller… mais à quoi? Je me suis souvent demandé le sens de cette parole.
L’exercice d’écrire sur ce passage semble m’offrir une autre prise de vue: si en fait: « Ne faites pas de la maison de mon Père une maison de trafic » venait parler non seulement de ce temple de pierres, mais aussi du corps de Jésus… ET aussi éventuellement de notre corps à tous, aussi appelé à être ou devenir Temple de Dieu…
Et si on avait besoin de ce claquement des fouets pour pouvoir entendre vraiment, profondément, tout l’amour dans cet appel de notre Seigneur? Un peu comme l’appel vif d’un parent qui interdit à son enfant de mettre sa main dans le feu. Mais encore plus. Par essence, le parent ne souhaite pas que surveiller et réprimander son enfant, mais veut d’abord profondément son bonheur. Aussi notre Seigneur souhaite-t-il non seulement nous éviter tous les tourments et souffrances et détours, mais aussi et surtout nous inviter à percevoir le sacré de chaque être. Et nous inviter à être Temple, et donc témoin, présence vivante, lumineuse et débordante de l’Amour du Père, pour notre plus grand bonheur !
Solane
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En comparant le Temple à Son Corps, non seulement Jésus nous révèle la vérité sur Son Corps…
« Détruisez ce Temple, et en trois jours je le relèverai. »
… mais aussi sur la vocation de temple de Dieu de notre propre corps, vocation qui se trouve trop souvent perdue, oubliée, déviée, inversée.
Par le regard de Jésus, je reconnais que mon petit temple intérieur est envahi par marchands et changeurs.
Et ce qu’il dit aux marchands de colombes…
« Enlevez cela d’ici. Ne faites pas de la maison de mon Père une maison de trafic. »
…Jésus le dit pour chacun de nos temples en perte de vocation.
Je te le demande, Seigneur, chasse tous les intrus de nos petits temples! Je t’en prie, car si tu ne le fais, qui le fera?
Michaël
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« Enlevez cela d’ici. Ne faites pas de la maison de mon Père une maison de trafic. »
Pour moi, Jésus faisait ici un parallèle à notre corps et aussi a ce que nous ingurgitons. Dieu nous a donné un corps pour accueillir notre âme, mais nous n’arrêtons pas de lui donner ce qui nourrit plutôt notre plaisir (sucreries, alcool, drogues, gras) ou qui tait la souffrance (médicaments, drogues, alcool). Le corps nous parle, quand nous sommes malades nous souffrons mais il nous dit que nous devons changer quelque chose dans nos comportements ou habitudes, ne pas le taire avec des substances.
Rosa
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« Ne faites pas de la maison de mon Père une maison de trafic. »
C’est en apprenant, de la bouche même de Jésus, que le Temple de Jérusalem est à l’image de son Corps que nous pouvons concevoir la souffrance dans laquelle a pris naissance la colère qu’Il a manifestée.
Les marchands et comptoirs installés « à l’abri » du Temple ! N’est-ce pas comme si les disciples de Jésus, esclaves de l’esprit comptable, monnayaient pour Lui la guérison des pécheurs qui viennent à Lui ? Qui rétablira le Visage et la Miséricorde du Seigneur? Compte-t-il ses bienfaits en rapport au nombre de nos péchés ? L’accès à son cœur est-il gardé par des trafiquants ou par l’Amour qui reconnaît de loin les siens lorsqu’ils reviennent à Lui, comme le fils prodigue ?
Aussi, à la question : « Quel signe peux-tu nous donner pour justifier ce que tu fais là ? »
La réponse énigmatique pour tous ce jour-là : « Détruisez ce Temple, et en trois jours je le relèverai. » , illuminera et fortifiera les disciples en temps voulu, lors de la Résurrection qui ne sera pas révélée à tous avant la Pentecôte.
Et moi, quel usage fais-je du corps qui m’est donné ? Qui me révèlera l’étendue du drame si ce n’est la sainte virginité de Marie ? Ai-je le désir d’être avertie à fin d’implorer la guérison, avant qu’il ne soit trop tard ? L’âme peut-elle se convertir et demeurer convertie sans la sanctification du corps ?
Pierrette
Cet évangile nous illustre bien la colère de Jésus contre les marchands installés dans le Temple. Jésus est très clair : « Ne faites pas de la maison de mon Père une maison de trafic. » À la question des juifs qui lui demandait de se justifier, il répondit : « Détruisez ce Temple, et en trois jours je le relèverai. » En faisant le lien entre le Temple physique, le bâtiment, et son propre corps, Jésus nous révèle son identité de Fils de Dieu et nous dit que le Temple est sacré. Dans son intervention Il nous fait prendre conscience que ce lieu de rassemblement et de prière est indissociable de son identité comme Fils de Dieu et de ce que nous sommes, des enfants de Dieu, le temple de Dieu. Le Temple est un lieu saint où Dieu se révèle à son assemblée à travers Sa Parole. L’Église est plus qu’un bel édifice. Elle est l’âme du peuple de Dieu. Elle reflète notre être intérieur, notre identité collective. C’est le lieu par excellence où nous vivons la communion des cœurs et de l’esprit. En allant à l’Église pour prier et louer Dieu en communauté nous acceptons de nous identifier à Jésus-Christ et de nous abreuver à la Source qui nous donne Vie. Nous faisons UN avec l’Église, le peuple de Dieu. Nous sommes les membres d’un seul corps. Nous ne pouvons pas nous dissocier de l’Église de pierre parce qu’elle devient par notre présence des pierres vivantes où nous allons collectivement, communautairement rendre grâce à Dieu et puiser l’amour, la paix et la joie pour vivre la charité fraternelle et universelle.
Dans la maison de mon Père
Je vais puiser à la Source de la vraie vie.
Seigneur, rassemble en un seul cœur tes enfants dispersés.
Dans la maison de mon Père
Je prends le temps d’écouter la Parole de Dieu.
Seigneur, fais germer Ta Parole de vie en nos cœurs.
Dans la maison de mon Père
Je prends le temps d’offrir à Dieu mes joies, mes peines et
Les souffrances du monde entier.
Seigneur, pardonne-nous nos offenses et notre aveuglement.
Dans la maison de mon Père
Je prends le temps d’adorer Dieu en communauté.
Seigneur, aide-nous à honorer le divin en chacun, chacune et dans tout l’univers.
Dans la maison de mon Père
Je prends le temps de communier à l’humanité entière.
Seigneur, garde nous tous petits devant nos frères et sœurs.
Dans la maison de mon Père
Je prends le temps de compter mes bénédictions
Et de dire merci pour tant de merveilles.
Seigneur, renouvelle en nous ton esprit de bonté et d’émerveillement.
Dans la maison de mon Père
Je prie, je chante, je glorifie le Père, le Fils et l’Esprit.
Ô qu’il est bon de goûter ton amour et ta miséricorde, Seigneur,
Fais-nous demeurer dans ton Amour.
Karine
…
Ce qui me frappe, encore et encore dans ce passage, c’est le fait que Jésus soit toujours d’abord au service de son Père, même quand il agit en plein cœur du monde.
S’il appartenait au monde, comme nous appartenons tous au monde par notre naissance, Jésus prendrait soin du monde selon le jeu du monde. Peut-être qu’il leur expliquerait pourquoi il est important que la maison du Père doit rester libre de tout ce qui vient la remplir de préoccupations du monde qui nous éloignent de la simple communion avec Lui? Peut-être qu’il raconterait une autre parabole pour mieux faire comprendre que rien de doit venir s’interposer entre l’époux et l’épouse dans la chambre nuptiale? Peut-être qu’à tout le moins il leur donnerait une piste, comme quoi le marchandage et le monnayage appartient au monde d’ici-bas et qu’il n’a pas sa place dans la relation avec le Père de qui tout provient et vers qui tout retourne?
Rien de tout cela. Pris par une sainte colère de voir la maison du Père, et de voir le cœur de l’homme, tous deux envahis par l’incessante quête de profit, par tout ce qui cherche à protéger son propre gain, ainsi que par les savants calculs mercantiles, Jésus vient signifier que Dieu n’est ni vu, ni entendu, ni aimé.
« Ne faites pas de la maison de mon Père une maison de trafic. »
Il répète, de façon musclée, que ces transactions, si chères à nos pensées, ne sont que vanité et poussières devant l’amour infini de Dieu, et que ces poussières nous distraient sans cesse de notre véritable appel d’enfants de Dieu.
« Enlevez cela d’ici. » Il nous invite, chacun d’entre-nous, à en faire ainsi. À s’armer du fouet tressé des cordes de la prière, de la veille et de l’oraison, et à chasser l’esprit mercantile, non seulement de nos paroisses et communautés, mais surtout du véritable temple vivant de Dieu que chacun peut redécouvrir en soi. C’est de là que la véritable adoration du Père s’élance, et c’est de là aussi, malheureusement, que surgissent divisions et égarements lorsque le Saint-Esprit de Dieu n’est plus accueilli en sa légitime demeure, celle-ci étant submergée par les innombrables convoitises mercantiles du monde.
Si Jésus, plutôt que de répondre à l’ordre impératif de son Père de garder sa maison vierge des préoccupations du monde, d’en chasser ce qui vient en altérer la nature et la fonction, s’était tourné vers les marchands et avait pris la parole pour une énième fois afin de leur enseigner la vérité, cette histoire n’aurait pas fait le tour du monde, frappant l’imagination, remuant les cœurs et les consciences.
À noter que Jésus n’a à aucun moment insulté les marchands, ni ne leur a reproché comme tel le fait de se livrer à des activités marchandes. Il se contente de leur, « Enlevez cela d’ici », en d’autres mots, allez faire votre commerce ailleurs, pas dans la maison de mon Père.
Il les « chassa tous du Temple ainsi que leurs brebis et leurs bœufs. » Et plus précisément il « jeta par terre la monnaie des changeurs, renversa leurs comptoirs ». Oui, Dieu vient sans cesse renverser nos comptoirs d’évaluation, de calculs et d’échange! Combien de fois la vie vient nous rappeler qu’elle ne se laissera pas enfermer dans les prévisions et les chiffres. Il jette la monnaie par terre, rappelant qu’elle appartient au monde, qu’elle appartient à tous les Césars de la terre, qu’elle retournera à la poussière quelque soit la valeur que l’humain lui attribue en l’idolâtrant.
Et pour finir, ce n’est certainement pas pour rien que c’est spécifiquement aux marchands de colombes qu’il s’adresse quand il dit : « Enlevez cela d’ici. Ne faites pas de la maison de mon Père une maison de trafic. »
Les colombes, qu’elles représentent le Saint-Esprit, ou les messagères de paix, de l’amour ou encore de Dieu, demandent à être libres pour remplis leur fonction. La paix, l’amour et l’Esprit-Saint ne peuvent en aucun cas être mis en cage ni monnayés, ils ne peuvent être qu’offerts, donnés librement, à l’égal de l’amour de Dieu qui nous est offert librement, sans aucune contrainte.
Nénuphar
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Mon Dieu quelle richesse, quelle authenticité: l’Esprit me rejoint, me travaille et m’apaise à travers la méditation des résonances partagées en écho à la Parole.
Il y a de ces commentaires où je ferais un « copier/coller » tant je suis rejointe, travaillée, apaisée et retournée à vivre le cœur en louange.
Merci car je veux me laisser libérer par le regard bienveillant de Jésus dans sa Passion de faire de nous des êtres libres et engagés, fortifiés par son infinie douceur pour aller de l’avant dans « l’être-avec » en toute confiance.
Marie-Hélène