Rencontres avec Jésus – les bergers

L’adoration des bergers d’après Guido Reni

Nous sommes conviés à une première rencontre avec Jésus, en s’identifiant aux bergers qui ont été parmi les tout premiers à le reconnaître. En s’inspirant des textes et images ci-dessous, imaginons ce que nous aurions vécu si nous avions été à la place des bergers et témoignons-en sous forme d’écrits et d’images!

L’extrait des Évangiles

Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc, chapitre 2

01 En ces jours-là, parut un édit de l’empereur Auguste, ordonnant de recenser toute la terre

02 ce premier recensement eut lieu lorsque Quirinius était gouverneur de Syrie.

03 Et tous allaient se faire recenser, chacun dans sa ville d’origine.

04 Joseph, lui aussi, monta de Galilée, depuis la ville de Nazareth, vers la Judée, jusqu’à la ville de David appelée Bethléem. Il était en effet de la maison et de la lignée de David.

05 Il venait se faire recenser avec Marie, qui lui avait été accordée en mariage et qui était enceinte.

06 Or, pendant qu’ils étaient là, le temps où elle devait enfanter fut accompli.

07 Et elle mit au monde son fils premier-né ; elle l’emmaillota et le coucha dans une mangeoire, car il n’y avait pas de place pour eux dans la salle commune.

08 Dans la même région, il y avait des bergers qui vivaient dehors et passaient la nuit dans les champs pour garder leurs troupeaux.

09 L’ange du Seigneur se présenta devant eux, et la gloire du Seigneur les enveloppa de sa lumière. Ils furent saisis d’une grande crainte.

10 Alors l’ange leur dit : « Ne craignez pas, car voici que je vous annonce une bonne nouvelle, qui sera une grande joie pour tout le peuple :

11 Aujourd’hui, dans la ville de David, vous est né un Sauveur qui est le Christ, le Seigneur.

12 Et voici le signe qui vous est donné : vous trouverez un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire. »

13 Et soudain, il y eut avec l’ange une troupe céleste innombrable, qui louait Dieu en disant:

14 « Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes, qu’Il aime. »

15 Lorsque les anges eurent quitté les bergers pour le ciel, ceux-ci se disaient entre eux : « Allons jusqu’à Bethléem pour voir ce qui est arrivé, l’événement que le Seigneur nous a fait connaître. »

16 Ils se hâtèrent d’y aller, et ils découvrirent Marie et Joseph, avec le nouveau-né couché dans la mangeoire.

17 Après avoir vu, ils racontèrent ce qui leur avait été annoncé au sujet de cet enfant.

18 Et tous ceux qui entendirent s’étonnaient de ce que leur racontaient les bergers.

19 Marie, cependant, retenait tous ces événements et les méditait dans son cœur.

20 Les bergers repartirent ; ils glorifiaient et louaient Dieu pour tout ce qu’ils avaient entendu et vu, selon ce qui leur avait été annoncé.

Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible – © AELF, Paris


L’adoration des bergers d’après Giorgione

Commentaire de l’Évangile sur l’Adoration des bergers : Luc 2, 1-20

Une présentation de Daniel Cadrin, un professeur de théologie ayant développé une grande connaissance de l’art pictural chrétien.

Des bergers dans les champs, la nuit, gardant leurs troupeaux: des gens ordinaires dans leur lieu et temps de travail, occupés à leur tâche. Des bergers: à cette époque, des gens qui n’ont pas socialement de prestige, utiles par leur travail mais peu considérés. Une expérience spirituelle forte leur arrive, qui ressemble à celle des disciples de Jésus, plus tard, sur la montagne de la transfiguration: la gloire de Dieu se révèle et ils sont enveloppés de lumière. Ils sont remués intérieurement et bouleversés, saisis d’une grande crainte, comme toute personne vivant une expérience de transcendance, qui les dépasse.

Cette transfiguration des bergers ne se vit pas dans un lieu rare et sacré, mais en plein cœur de leur vie ordinaire, dans les champs. Le messager est l’Ange du Seigneur: la même figure qui apparut à Moïse, alors qu’il gardait lui aussi son troupeau. Mais le plus important, comme dans tout récit de révélation, c’est la Parole. Les bergers sont appelés à aller plus loin que leur première réaction et à entendre une Parole qui annonce la lumière.

Le message est une Bonne nouvelle, littéralement un Évangile. Par-delà et à travers ce récit que nous trouvons poétique ou charmant, c’est une réalité plus profonde, l’essentiel de la foi chrétienne, le kérygme, qui est transmis aux bergers. Que contient-il? Une nouvelle qui est bonne, qui n’est pas une mauvaise nouvelle: cela est plutôt rare de nos jours. La joie est associée à cette annonce, et non seulement pour quelques uns mais pour tout le peuple. Cet événement réjouissant n’est pas ancien dans le passé ou lointain dans l’avenir, mais advient aujourd’hui, au présent. Il est centré non pas sur une brillante idée, un plan bien organisé, ou une morale détaillée, mais sur une personne, qualifiée de Sauveur, Messie, Seigneur.

On s’attendrait ensuite à être conduit dans un lieu prestigieux, où rencontrer un tel personnage. Mais le messager donne un signe très différent de cette attente: un nouveau-né dans une mangeoire, voilà la Bonne Nouvelle! Et celle-ci n’est pas banale, malgré son apparence, car elle engage Dieu lui-même, le ciel et la terre, avec la gloire et la paix. Quel est le secret ou le mystère qui est ainsi dévoilé? Il est simple et radical, profond et éclairant: le Dieu vivant et glorieux est bienveillant, il aime les humains. Cet enfant en est le visage.

Ces dernières années, en Église, nous parlons de mission et d’évangélisation. Le récit des bergers nous offre des pistes fondamentales, à accueillir, explorer et mettre en œuvre. Que font les bergers suite à leur expérience? Il vaut la peine de compléter le récit. Tout d’abord, ils agissent: ils se déplacent et vont vers l’enfant. Et ils le font en se hâtant, comme Marie pour la visitation. Ils trouvent l’enfant et le regardent, temps d’intériorisation et d’approfondissement. Puis, ils ne se contentent pas de rentrer chez eux. Ils deviennent à leur tour des messagers de la Bonne Nouvelle et suscitent l’étonnement chez d’autres. Et la joie continue de les habiter: ils glorifient Dieu, comme les premiers messagers. Le processus d’évangélisation est ainsi suggéré dans toutes ses étapes.

Images de la Nativité :

(Adapté de : Daniel Cadrin, « La Nativité selon Luc en images », Rencontre, CCCM, décembre 2015, p.8-9)

La Nativité selon Luc (2, 1-20) est peu présente dans l’iconographie de l’antiquité chrétienne. C’est l’Adoration des mages, propre à Matthieu (2,1-12), qui domine; d’ailleurs, la fête de l’Épiphanie est longtemps demeurée plus importante que Noël. C’est au Moyen Âge que la Nativité selon Luc prend son envol. Ce motif va se maintenir jusqu’à maintenant. François d’Assise (13e siècle) y a contribué, en popularisant la crèche. Pour regarder ces images, certains éléments demandent notre attention.

Les personnages

Il y a d’abord ceux qu’on trouve dans l’Évangile: Jésus, Marie, Joseph, les anges, les bergers avec leur brebis. D’autres sont ajoutés: le bœuf et l’âne (qui viennent d’Isaïe 1,3), une aidante (surtout dans l’art médiéval), des curieux, une étoile (qui vient de Matthieu), des saints locaux.

Les postures

Dans les œuvres plus anciennes, jusqu’au 14e siècle, Marie est habituellement étendue; l’enfant est placé près d’elle dans un berceau qui peut ressembler à un tombeau (évoquant la suite de l’histoire); Marie a parfois un contact physique avec l’enfant; Joseph est assis, un peu en retrait, avec un air méditatif. Par la suite, Marie va se retrouver agenouillée près de l’enfant; Joseph à genoux ou debout. Le plus étonnant, c’est que l’art ancien, plus symbolique et religieux, est finalement le plus réaliste! Pour une femme qui vient d’accoucher, la position couchée est plus naturelle. Dans l’art plus récent, on trouve une variété de postures: Marie est parfois assise avec l’enfant sur ses genoux ou dans ses bras.

Le lieu

L’Évangile parle de mangeoire ou de crèche, en lien avec une hôtellerie ou une salle d’hôtes. Dans les œuvres anciennes, la scène se passe habituellement dans un espace ouvert, parfois avec un toit, une sorte d’abri ou d’étable; la grotte aussi est présente ou signifiée par des rochers. Tout cela permet de bien montrer la scène. Par la suite, à partir de la fin du Moyen Âge, le lieu pourra garder ces traits mais ressembler davantage à une maison; les ruines feront aussi leur apparition. Des paysages et des villes au loin viendront situer la scène dans un univers plus vaste. Dans l’art récent, on trouve une diversité d’habitats.

Voici quelques œuvres, variées dans le temps et l’espace.

  1. Giotto di Bondone, fresque, 1304-1306, chapelle des Scrovegni, Padoue. Giotto fut un innovateur par son attention aux personnes dans leur aspect plus naturel; il est marqué par la spiritualité franciscaine. Les bergers, à droite, sont tournés vers l’ange.
  1. Fra Giovanni di Fiesole (surnommé Angelico), une des 35 miniatures de l’Armadio degli argenti, 1452, Musée San Marco, Florence. Ce dominicain est le patron des artistes; son art se situe à la frontière du médiéval et de la Renaissance. Les bergers arrivent, à gauche.
  1. Nicolas Poussin, huile sur toile, c.1653, Alte Pinakothek, Munich. Peintre du classicisme, Poussin fut soucieux d’exactitude historique et de rigueur, mais aussi d’une juste expression des sentiments. Dans cette scène, il n’y a pas de bergers mais on voit des parents heureux.
  1. James Tissot, Brooklyn Museum, c.1886-1894. Tissot est un artiste français qui a vécu en Terre Sainte et qui a peint beaucoup de scènes des Évangiles, en étant attentif au contexte et aux lieux. Ici, les bergers sont très expressifs.
  1. Maurice Denis, huile sur toile, 1894, Musée des Augustins, Toulouse. Denis fut engagé dans le renouveau de l’art sacré chrétien. Ici, la scène est située en contexte contemporain. Les brebis sont à l’avant-plan.
  1. Jésus Mafa, c.1975, Cameroun. Jésus Mafa est un collectif qui a produit, pour la catéchèse, une actualisation des récits bibliques en contexte africain. Les bergers arrivent devant une mère souriante.
  1. Crèche, Collège Jean-de-Brébeuf, 1993. Dans cette œuvre faite par des étudiants, les bergers sont des gens de la rue, de diverses origines.
  1. He Qi, Chine, 21e siècle. He Qi est un artiste chinois chrétien qui intègre des traditions asiatiques et des approches contemporaines. Les bergers sont tournés vers l’ange.

Laissons-nous toucher par ces images aussi parlantes que les paroles. Elles nous invitent, avec les bergers, à la joie et à l’ouverture.

Daniel Cadrin, o.p.


Dessins à tracer et à colorier

Nous sommes invités à vivre de l’intérieur la scène des bergers qui découvrent Jésus.

D’après notre expérience, une des meilleures façons de se plonger dans le vécu de cette rencontre, c’est de la dessiner. Peu importe la manière, quelques traits et un peu de couleur peuvent suffire. Que l’on copie, trace ou colorie un modèle, l’important est de prendre un temps d’intériorité pour se familiariser avec le sujet. Aucun besoin d’avoir de l’expérience, il n’est pas ici question de performance artistique ni d’habileté. C’est une activité de contemplation à laquelle le dessin nous convie.

Vous pouvez utiliser une des images publiées dans cet article comme source d’inspiration, ou consulter les nombreuses images disponibles sur Internet sur le thème « l’adoration des bergers », ou encore imprimer les modèles simplifiés ci-dessous pour les tracer et les colorier.

L’adoration des bergers, modèle simplifié à tracer et à colorier d’après Guido Reni.
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Pour vivre pleinement le processus de création et d’appropriation des extraits des évangiles, les participants sont invités à se réunir en ligne en petits groupes. Nous offrons au besoin un soutien à la création de groupes (au moyen de rencontres Zoom).

L’adoration des bergers, modèle simplifié à tracer et à colorier d’après Giorgione.
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Nous sommes toutes et tous, quelque soit l’âge et la culture, invités à témoigner de la façon dont nous percevons et vivons notre rencontre avec Jésus au travers de l’histoire des bergers!

Nous sommes également conviés à librement partager nos images et témoignages directement sur le groupe Facebook « Rencontres avec Jésus-Christ »:
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ou à les envoyer par courriel avant le 5 novembre à :
alecoutedesevangiles@gmail.com

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