Rencontres avec Jésus – L’aveugle Bartimée

Jésus guérissant l’aveugle Bartimée, une adaptation en style vitrail inspirée d’une peinture du Maître de la Manne, un artiste des Pays-Bas du Nord vivant au XVe siècle

Une nouvelle invitation à rencontrer Jésus, cette fois-ci au travers de l’appel insistant de Bartimée, l’aveugle de Jéricho.

Bartimée, le disciple qui voit et qui marche : Marc 10, 46-52

Evangile de Jésus-Christ selon saint Marc – Chapitre 10

46 Jésus et ses disciples arrivent à Jéricho. Et tandis que Jésus sortait de Jéricho avec ses disciples et une foule nombreuse, le fils de Timée, Bartimée, un aveugle qui mendiait, était assis au bord du chemin.

47 Quand il entendit que c’était Jésus de Nazareth, il se mit à crier : « Fils de David, Jésus, prends pitié de moi ! »

48 Beaucoup de gens le rabrouaient pour le faire taire, mais il criait de plus belle : « Fils de David, prends pitié de moi ! »

49 Jésus s’arrête et dit : « Appelez-le. » On appelle donc l’aveugle, et on lui dit : « Confiance, lève-toi ; il t’appelle. »

50 L’aveugle jeta son manteau, bondit et courut vers Jésus.

51 Prenant la parole, Jésus lui dit : « Que veux-tu que je fasse pour toi ? » L’aveugle lui dit : « Rabbouni, que je retrouve la vue ! »

52 Et Jésus lui dit : « Va, ta foi t’a sauvé. » Aussitôt l’homme retrouva la vue, et il suivait Jésus sur le chemin.

Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible – © AELF, Paris


Commentaire de l’Évangile

Par Daniel Cadrin, o.p.

Voici un autre aveugle. Il a un nom : Bartimée, fils de Timée. Il se tient à l’entrée de la ville de Jéricho. Le récit de sa guérison nous montre une vie transformée. Au début, Bartimée ne voit pas; en plus, il est assis au bord du chemin, il n’est même pas sur le che­min; et il mendie. A la fin, non seulement il voit mais aussi il est sur le chemin et il marche à la suite de Jésus ! Il est devenu un disciple. Entre le début et la fin de ce parcours, il a vécu une expérience de conversion, une transformation, qui comprend plusieurs étapes. C’est vraiment un itinéraire spirituel, qui peut ressembler aux nôtres, sur nos propres chemins.

D’abord, quand il est assis au bord du chemin, même s’il ne voit pas et ne bouge pas, il fait déjà quelque chose: il crie, il implore. Au moins il peut faire cela. Il y a déjà en lui une quête et un intérêt pour Jésus. Il fait appel à sa compassion. Sa demande est la même que celle de la Cananéenne (Mt 15,22) : Fils de David, aie pitié de moi. Mais sa quête de guérison rencontre des obstacles: beaucoup le rabrouent pour qu’il se taise. Devant cette adversité, il ne se laisse pas arrêter: il continue de crier, il insiste ! Là aussi comme la Cananéenne. Son désir le pousse du dedans, malgré le mur de silence que certains veulent bâtir entre lui et Jésus.

Son effort finalement n’est pas vain. Jésus l’entend et demande aux gens de l’appeler. Alors ces gens lui disent: Aie confiance, lève-toi, Jésus t’appelle. Cela est magnifique et dit bien que, pour aller à Jésus, nous avons besoin que d’autres nous appellent à la confiance et nous soutiennent. Notre propre force ne suffit pas. Nous avons besoin que des gens nous disent: « Jésus a entendu ton cri, il s’intéresse à toi; ne reste pas assis, passif et résigné à ta petite vie; reprends confiance, tiens-toi debout, tu n’es pas abandonné.» Jésus passe par ces relais, ces médiateurs, pour venir nous toucher.

De même, à notre tour, nous pouvons devenir pour d’autres ces voix qui les invitent à la confian­ce et à se lever, à sortir de leur aveuglement et de leur défai­tisme, car Jésus les appelle. À qui pourrais-je dire à mon tour: Aie confiance, lève-toi. Jésus t’appelle? N’est-ce pas le cœur, l’essentiel, de tout accompagnement, reçu ou donné ?

Mais il ne suffit pas d’entendre cet appel. Il faut ensuite agir nous-mêmes, faire notre part. C’est ce que fait Bartimée: il se lève avec élan et il va vers Jésus. Personne ne peut faire à sa place, à notre place, ce geste décisif de nous lever pour aller vers Jésus. L’énergie est revenue, Bartimée bondit, ou plutôt rebondit. Il est maintenant en mouvement. Mais il a fallu les étapes précédentes pour qu’il ose enfin bouger les pieds et se mettre sur le chemin, celui d’une vie nouvelle.

Puis vient le moment de la rencontre personnelle entre Jésus et Bartimée, avec son dialogue et sa guérison, où confiance, salut et transformation du regard sont liés. Ta foi t’a sauvé :ta confiance t’a rendu libre, elle t’a remis debout. Et Jésus appelle à nouveau Bartimée mais pour un envoi: Va, maintenant regarde et marche par toi-même, poursuis ta route, elle ne fait que commencer.

Après ce moment de rencontre, Bartimée voit: ce sont les yeux de la foi qui se sont ouverts à la suite de cette démarche et maintenant il peut suivre Jésus sur le chemin, celui de la mission, celui qui mène à Jérusalem et à la pâque. Chemin de rencontres, de recherches, de conflits, chemin qui demande liberté du coeur et courage, chemin où l’expérience croyante, espérante et aimante, nous fait avancer plus loin, jusqu’au bout.

Nous avons l’impression parfois d’être aveugles, de ne rien comprendre à la vie, ou encore d’être en marge, en dehors des réseaux; ou nous pouvons nous percevoir comme figés, incapables de faire un pas en avant. Et pourtant, des passages, des transformations peuvent advenir. Nous connaissons des personnes qui ont vécu de telles conversions et qui maintenant voient et avan­cent sur un chemin même difficile et risqué.

Cette histoire de Bartimée, c’est celle de tant de gens et c’est la nôtre, sur nos chemins, où que nous soyons ren­dus. Nous pouvons nous retrouver à l’une ou l’autre étape du parcours, criant au bord du chemin ou bondissant vers Jésus. En quoi je reconnais mon propre itinéraire dans celui de Bartimée? Nous ne sommes jamais en dehors du récit et de son itinéraire, appelés à nous lever, à voir et à marcher sur un chemin de conversion.

Images de Bartimée

Comme je l’ai mentionné dans une chronique précédente (l’aveugle-né, Jean 9), il y a plusieurs guérisons d’aveugle dans les Évangiles. Souvent, il est difficile d’identifier le texte précis à laquelle l’œuvre réfère ; à moins que le titre le précise ou que des indices soient donnés. En Marc 10, 46-52, l’aveugle s’appelle Bartimée et il mendie; les disciples et une foule sont présents ; et la scène se passe à Jéricho, sur le chemin.

Bartimée est habituellement à genoux devant Jésus qui le touche, parfois assis ou debout ; des éléments indiquent qu’il mendie. Rarement le voit-on s’élançant d’un bond vers Jésus ou, en finale, voyant et marchant. Des disciples sont présents et quelques curieux ; parfois une foule, comme le texte l’indique.

Dans le récit parallèle en Matthieu (20, 29-34), la même scène se déroule à Jéricho mais avec deux aveugles, ce qu’on trouve dans certaines œuvres.

Sur des sites parlant de l’aveugle Bartimée, on voit fréquemment des images d’une autre guérison, surtout celle de l’aveugle-né (Jn 9) ou de l’aveugle de Bethsaïde (Mc 8,22); l’inverse aussi advient. Je vais essayer d’éviter cette erreur, mais je ne garantis rien ! Voici donc quelques œuvres nous montrant (pour la plupart), la guérison de Bartimée.

  1. Nicolas Poussin, 1650, Musée du Louvre, Paris, France. Ce peintre français du classicisme, soucieux de l’histoire et de l’équilibre des formes et couleurs, a eu une influence durable en art. Il a vécu surtout à Rome. On a ici les deux aveugles de Jéricho (Mt, 20, 29-34). À droite, les disciples Pierre, Jacques et Jean. À gauche, une femme avec enfant qui donne une note de douceur et d’humanité à la scène. La figure de Jésus s’inspire d’une fresque de la catacombe de St-Calixte à Rome. Jéricho est évoqué par des éléments architecturaux, qui reprennent des édifices romains ; le paysage et la lumière sont soignés.
  1. William Blake, 1800, Yale Center for British Art, New Haven, États-Unis. Cet écrivain et artiste britannique, mystique et visionnaire, a laissé des oeuvres étonnantes et pensées de l’intérieur. Jésus, bien droit, au visage rayonnant, étend la main sans toucher Bartimée. Celui-ci, jeune et debout, à demi-nu, ayant laissé son manteau, tend la main vers Jésus. Les deux sont unis par le blanc. Des disciples sont présents. Il n’y a pas de foule. Jéricho n’est pas évoquée mais un paysage de ciel, montagne et terre. Au centre, les deux mains qui se rapprochent, comme une création nouvelle.
  1. Julius Schnorr von Carolsfeld, Bible in Pictures, Leipzig, 1860, Allemagne. Ce graveur et peintre allemand était membre du mouvement nazaréen, alliant art et spiritualité et marqué par la Renaissance. Luthérien, il a fait plusieurs illustrations de l’Ancien et du Nouveau Testament. Pierre et Jean sont à droite. Jésus, plus grand que les autres, touche l’aveugle. Bartimée, assez jeune et debout, avec sa canne, est soutenu par quelqu’un. La scène se passe à l’entrée de la ville.
  1. Johann Heinrich Stöver, sculpture en marbre, 1861, Église St-Jean, Erbach, Allemagne. Ce sculpteur néerlandais a vécu une partie de sa vie à Rome. Bartimée, jeune et peu vêtu, est à genoux, sa canne à ses pieds; Jésus le touche. Il n’y a personne d’autre. Bartimée est rarement présenté en sculpture.
  1. William Gale, 1865, (gravure par W.J.Allen), Collection privée, Brompton, Angleterre. Cet artiste de Londres, lié à l’école pré-raphaélite, a fait des scènes bibliques et mythologiques, ainsi que des portraits. Il a voyagé au Proche-Orient dans les années 1860. Ce Bartimée est plutôt unique : c’est vraiment un homme âgé à la barbe respectable! Avec la canne et le plat, il mendie à l’entrée de Jéricho. Une enfant est avec lui pour l’aider; elle tend la main.
  1. Carl Heinrich Bloch, 1871, Musée National, Copenhague, Danemark. Ce peintre danois, marqué par Rembrandt, a réalisé des scènes évangéliques avec des personnages en mouvement dans un contexte précis et un Christ impressionnant. Ses oeuvres ont été très diffusées. On voit ici les disciples et la foule. Bartimée, suppliant, tend les mains vers Jésus. Son manteau et son chapeau sont derrière lui; le plat à sa gauche indique sa mendicité. Des curieux se tiennent à l’entrée de Jéricho. L’ombre et la lumière sont travaillées.
  1. Harold Copping, c.1920, The Crown Series, Angleterre. Les oeuvres de ce peintre et illustrateur britannique sont très populaires dans les diverses Églises chrétiennes, à cause de leur style très vivant et expressif. Il a voyagé en Terre Sainte. Bartimée est en mouvement vers Jésus, des gens le soutiennent. La foule et les disciples sont présents à l’entrée de la ville de Jéricho. Jésus domine la scène.
  1. William Kurelek, Lord that I May See, 1955, Musée des Beaux-Arts de Montréal, Canada. Cet artiste albertain célèbre, venant d’une famille émigrante ukrainienne, a connu un parcours religieux complexe, de l’orthodoxie à l’athéisme puis au catholicisme. Cette oeuvre date de cette dernière période de conversion. Elle exprime à la fois sa quête et la figure implorante de Bartimée, comme le titre l’indique. Le paysage est dénudé, avec un long chemin, un arbre, un oiseau dans le ciel et deux petites figures qui montent la colline à droite. C’est une œuvre forte.
  1. Kees de Kort, What the Bible Tells Us, 1968, Dutch Bible Society, Pays-Bas. Cet artiste visuel néerlandais a publié plusieurs ouvrages d’illustrations bibliques, pour les enfants et pour les adultes. Elles ont été reprises dans plusieurs langues et pays. Les couleurs vives, les personnages expressifs, l’attention au récit biblique, les rendent à la fois très accessibles, signifiants, et touchants. Bartimée est au bord du chemin, mendiant, avec son plat et sa canne; Bartimée crie vers Jésus …
  1. Elizabeth Wang, c.2000, site radiantlight.org, Royaume Uni. Cette artiste britannique, convertie au catholicisme en 1968, quand elle était jeune adulte, est décédée en 2016. Ses scènes bibliques ont des couleurs vives et contrastées et des lignes simples. Elle a commenté ainsi cette oeuvre: « Lorsque quelqu’un m’a écartée et a refusé de m’aider, Jésus m’a regardée avec un beau sourire et une infinie bonté, tout comme il l’a fait lorsqu’il est allé saluer le mendiant aveugle au bord de la route ». La figure de Bartimée ressemble ici à celle de l’artiste.
  1. Berna, 2007, site évangile-et-peinture.com, Suisse. Bernadette Lopez, avec son sens habituel du mouvement et des couleurs, est aussi très attentive au texte biblique. On voit ici, ce qui est rare et très appréciable, Bartimée rejetant son manteau et se levant d’un bond pour aller vers Jésus. Avec un élan qui nous entraîne.
  1. Pamela Suran, 21e siècle, site pamelasuran.com, Israël. Cette artiste israélienne, qui vit à Jérusalem, fait partie du mouvement des Juifs Messianiques, reconnaissant Yeshua (Jésus) comme Messie. Elle est engagée avec son époux Shmuel au centre Jerusalem Vision, incluant un volet sur l’art prophétique contemporain. Jésus prend soin de l’aveugle, assis ; c’est Jésus qui est agenouillé. Des écritures hébraïques et grecques sont intégrées dans la base en bleu. Cela est très évocateur.

Daniel Cadrin, o.p.


Dessin à tracer et à colorier

Voici un dessin simplifié en style vitrail, à tracer et à colorier, librement inspiré d’une peinture du Maître de la Manne.

Cliquer sur l’image pour l’agrandir et la sauvegarder!

Visionner le court montage réalisé d’après les dessins à colorier de la rencontre entre Jésus et la Cananéenne (au bas de l’article).

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