Rencontres avec Jésus – André, le premier appelé


Jésus appelle les pêcheurs André et Simon, une illustration librement inspirée d’une peinture de Duccio di Buoninsegna

Une nouvelle invitation à rencontrer Jésus, cette fois-ci en la personne d’André que Jésus appelle en tout premier!

ANDRÉ, LE PREMIER APPELÉ : Mc 1, 16-18; Jn 1, 35-42

Évangile de Jésus-Christ selon saint Marc – Chapitre 1, 16-18

14 Après l’arrestation de Jean, Jésus partit pour la Galilée proclamer l’Évangile de Dieu ;

15 il disait : « Les temps sont accomplis : le règne de Dieu est tout proche. Convertissez-vous et croyez à l’Évangile. »

16 Passant le long de la mer de Galilée, Jésus vit Simon et André, le frère de Simon, en train de jeter les filets dans la mer, car c’étaient des pêcheurs.

17 Il leur dit : « Venez à ma suite. Je vous ferai devenir pêcheurs d’hommes. »

18 Aussitôt, laissant leurs filets, ils le suivirent.

Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean – Chapitre 1, 35-42

37 Les deux disciples entendirent ce qu’il disait, et ils suivirent Jésus.

38 Se retournant, Jésus vit qu’ils le suivaient, et leur dit : « Que cherchez-vous ? » Ils lui répondirent : « Rabbi – ce qui veut dire : Maître –, où demeures-tu ? »

39 Il leur dit : « Venez, et vous verrez. » Ils allèrent donc, ils virent où il demeurait, et ils restèrent auprès de lui ce jour-là. C’était vers la dixième heure (environ quatre heures de l’après-midi).

40 André, le frère de Simon-Pierre, était l’un des deux disciples qui avaient entendu la parole de Jean et qui avaient suivi Jésus.

41 Il trouve d’abord Simon, son propre frère, et lui dit : « Nous avons trouvé le Messie » – ce qui veut dire : Christ.

42 André amena son frère à Jésus. Jésus posa son regard sur lui et dit : « Tu es Simon, fils de Jean ; tu t’appelleras Kèphas » – ce qui veut dire : Pierre.

Commentaire de l’Évangile

Par Daniel Cadrin, o.p.

La figure de l’apôtre André est associée à celle de son frère Simon (Pierre). Tous les deux sont des pêcheurs (Mc 1,16), qui viennent de Bethsaïde (Jn 1,44) en Galilée, et ils ont une maison commune (Mc 1,29); leur père s’appelle Jean (Jn 1,42). Et surtout, dans les évangiles de Marc et de Matthieu, ils sont les premiers disciples de Jésus, les premiers qu’il appelle (Mc 1,16-18).

André fait ainsi partie des quatre premiers appelés, avec Simon son frère et Jacques et Jean, deux autres frères (Mc 1, 19), dont le père est Zébédée. Dans ce groupe privilégié, on trouve ainsi deux couples de frères et ils sont tous pêcheurs. Ils partagent un même univers social, culturel et religieux; ils forment un premier noyau de disciples qui se comprennent et sont déjà liés. On voit que Jésus a fait des choix dans son approche. On retrouve le quatuor ensemble avec Jésus, dans la maison de Capharnaüm (Mc 1,29). Au Mont des Oliviers (Mc 13,3), ils interrogent Jésus à propos du signe de la fin. Et André se retrouve évidemment dans les listes des apôtres (Mt, 10,2; Mc 3,18; Lc 6,14; Ac 1,13).

André le Protoclet, une illustration librement inspirée d’une peinture de Lippo d’Andrea.

Dans tout cela, la figure d’André ne ressort pas tellement! Il est plutôt un figurant. Sauf dans l’Évangile de Jean où il apparaît comme un individu, avec des actions qui lui sont propres. André est le premier appelé (Jn 1,40), d’où le surnom qui lui est donné dans la tradition: le Protoclet. Disciple de Jean Baptiste, qui a désigné Jésus comme l’Agneau de Dieu, André se met à la suite de Jésus, avec un autre. Après sa rencontre avec Jésus, il va ensuite amener son frère Simon Pierre à celui-ci (Jn 1,41).

Lors de la multiplication des pains (Jn 6,8-9), c’est André qui signale à Jésus la présence d’un garçon qui a quelques pains et poissons. Même si André est sceptique face à cette petite quantité pour nourrir une foule, c’est ce peu provenant d’un jeune qui sera source de vie en abondance. Et il restera douze paniers, pour le peuple à venir.

Quand quelques Grecs, à Jérusalem, veulent voir Jésus (Jn 12, 20-22), ils s’adressent à Philippe. Celui-ci le dit à André et les deux le disent à Jésus. Philippe et André viennent tous deux de Bethsaïde; ils ont ainsi un lien entre eux. André s’inscrit ici dans une chaîne de communication, où il s’agit de voir Jésus.

Revenons au récit de l’appel d’André, le Protoclet. Il est très inspirant et nous rend attentifs à plusieurs aspects de la vocation, mot qui signifie appel. Des visages et des relations, des regards et des déplacements, voilà ce que l’Évangile de Jean nous présente pour parler d’itinéraires de vocations. L’appel et la réponse à l’appel s’inscrivent à l’intérieur de réseaux et mettent des personnes en mouvement. Cette série de courtes scènes est très cinématographique. On imagine des gros plans sur des visages, qui s’échangent des regards, et des prises de vue qui saisissent l’étonnement et l’intérêt, le mouvement des corps d’un lieu à l’autre, d’une personne à l’autre.

Cette histoire de vocations ne commence pas à zéro. Elle est déjà commencée. Nous avons deux personnes, dont André, qui sont déjà disciples de Jean Baptiste, qui sont avec lui, dans sa mouvance spirituelle. Les deux sont engagés dans un mouvement de réforme religieuse et morale, autour d’un homme de Parole, un prophète qui appelle à se convertir. Les deux ont déjà fait un pas, ils ont exprimé une décision de changer l’horizon de leur vie. Mais ce qui est un point d’arrivée, suite à une démarche personnelle, devient ici un point de départ pour un nouvel engagement. Ils sont allés à Jean Baptiste : c’est lui qui les envoie maintenant à un autre. Il pose son regard sur Jésus, lui-même en mouvement, un Jésus qui va et qui vient. Il le nomme d’un titre fort : Agneau de Dieu.

Les deux d’abord écoutent cette parole. Le prophète, qui sert de médiateur, est crédible à leurs yeux. Puis ils se déplacent, ils se mettent en marche, à la suite de Jésus que Jean Baptiste a regardé. Maintenant, c’est au tour de Jésus de se tourner vers ces deux et de regarder à son tour. Il leur pose une question, qui va à l’essentiel : Que cherchez-vous? Il voit des personnes en recherche et il les invite à nommer leur quête. Le dialogue est amorcé. Les deux, à leur tour, comme Jean Baptiste, donnent un titre à cet homme Jésus : ils l’appellent Maître. Ils veulent connaître son lieu, sa demeure, ce qui évoque une symbolique centrale dans l’Évangile de Jean. Et Jésus maintenant les appelle à se déplacer encore : venez. Le regard est encore présent : vous verrez, par vous-mêmes.

Les deux passent ensuite à l’action. Ils se déplacent avec Jésus et ils voient où il demeure. Ils trouvent réponse à leur quête. Et enfin, le mouvement s’arrête pour un temps; un jour de présence, où simplement être avec Jésus. Autrement, l’histoire de ces vocations ne pourrait se poursuivre avec profondeur. Mais la dynamique de l’appel ne s’arrête pas là. André devient à son tour médiateur auprès d’une nouvelle personne de son réseau familial et de métier, Simon. Il lui annonce ce qu’il a vu et vécu. Et il fait un pas de plus : il donne un autre titre à Jésus, il le nomme Messie, Christ (Jn 1,41). Son temps de présence avec Jésus, là où il demeure, lui a fait découvrir plus profondément l’identité de celui qu’il a d’abord vu comme un Maître. Puis Simon et André vont à Jésus, pour que Simon voie par lui-même, à son tour. Mais c’est Jésus qui pose son regard sur Simon et qui voit en lui plus que Simon ne peut voir en lui-même. Et Jésus lui donne un nouveau nom : Céphas (Pierre).

Des regards et des déplacements, des noms et des appellations, des réseaux et des relais, voilà de quoi est fait un itinéraire de vocation, l’histoire d’un appel et d’une réponse. Cette série de courtes scènes, vives et animées, avec des visages en mouvement, liés les uns aux autres, est dense. Une chose est sûre : moi qui lis ces scènes et les projette sur mon écran intérieur, je suis quelque part dans ce récit d’appels. Mon histoire de vie et de vocation peut y trouver une dynamique qui aide à reconnaître mon propre parcours. Et ces paroles et ces regards, ces étapes et ces déplacements, m’appellent à poursuivre plus loin mon récit. Jusqu’au lieu secret, comme André. Et à communiquer ma découverte, comme André.

Images d’André

L’iconographie d’André est abondante. D’abord en lien au récit de l’appel des pêcheurs, que l’on retrouve à toutes les époques; et dans une moindre mesure, à celui de l’appel d’André en Jean, qui est toutefois bien présent dans la période contemporaine. Dans ces diverses œuvres, André fait partie d’un groupe, à la pêche ou sur la route; et son allure est celle d’un homme mûr et costaud.

Mais beaucoup d’œuvres montrant André relèvent plutôt de la suite de sa vie, qui n’est pas dans les Évangiles. Il serait allé en Grèce, en Bulgarie, en Roumanie, en Ukraine, et serait mort martyr à Patras, en Péloponnèse. Comme Pierre, il serait mort crucifié, lors de la persécution de Néron, mais sur une croix en X, nommée croix de Saint André. Il est considéré comme le premier patriarche de Constantinople et saint patron de l’Église d’Orient, en parallèle avec Pierre pour l’Église de Rome. Il est aussi patron de l’Église roumaine, de l’Écosse, et de bien des lieux et groupes. Tout cela a suscité des vitraux, sculptures, tableaux, de la figure individuelle d’André, habituellement avec sa croix.

Voici quelques œuvres qui montrent la variété des figures et des époques :

  1. Codex Aureus Epternacensis, folio 20, recto, c.1020-1030, Musée National Germanique, Nuremberg, Allemagne. Cet Évangéliaire a été fait à l’Abbaye d’Echternach, ville autrefois allemande et maintenant située au Luxembourg; l’abbaye fut supprimée lors de la Révolution française. Le manuscrit est appelé Livre d’or car ses lettres sont écrites en or. La figure de Jésus est celle du jeune imberbe, qui remonte à l’Antiquité chrétienne. Les deux frères, pêcheurs, se ressemblent; André est celui de droite.
  1. Duccio di Buoninsegna, panneau de la prédelle de la Maesta (Sienne), 1308-1311, National Gallery of Art, Washington, États-Unis. Duccio est marqué par l’art byzantin mais aussi par les nouveaux courants, avec des personnages plus individualisés et en mouvement. Jésus appelle Pierre et André, au beau milieu de leur travail de pêche; on voit la tunique un peu retroussée et le filet. Les poissons sont nombreux. Pierre est en bleu et André en rouge.
  1. Colin Nouailhier, émail, c.1560-1570, Musée du Louvre, Paris, France. Cette œuvre est rare. D’abord, c’est un émail, fait par un des grands experts de Limoges, au 16e siècle. Et elle présente la scène (Jn 6, 8-9) où André sert d’intermédiaire entre un garçon qui a quelques pains et poissons et Jésus. L’enfant les remet à André qui les remet à Jésus. André est au centre de l’œuvre. La suite est aussi présentée, la multiplication des pains et la distribution aux gens; et André est actif.
  1. Le Caravage, La vocation de saint Pierre et saint André, c.1603-1606, Coll. Royale, Buckingham Palace, Angleterre. Ce tableau suscite plusieurs questions. On voit Pierre à gauche, avec des poissons en mains, André au milieu, et Jésus à droite, imberbe comme dans la tradition antique. Ou bien s’agit-il de trois apôtres : Pierre, André et Jean? Et quelle est la scène évangélique? L’appel des pêcheurs : mais ils ne sont pas dans leur barque. L’appel d’André et d’un autre en Jean 1,35-40 : mais que fait Pierre qui n’était pas là? En tout cas, André au centre a l’air bien pensif : Dans quoi je m’embarque? Ou trouve-t-il que son frère Pierre prend trop de place? Autre question : cette œuvre est-elle de Caravage ou d’un disciple, ou est-ce une copie? La question est encore débattue, pour ce tableau d’un peintre italien hors-la-loi, aux mains d’une famille royale célèbre

5. Le Caravage, Le crucifiement de saint André, c.1607, Metropolitan Museum of Art, États-Unis. On retrouve l’art du Caravage, avec ses ombres et lumières, ses personnages vivants, son sens dramatique. C’est une descente de la croix orthogonale, le début du détachement d’André. L’homme en armure et au chapeau de plume, en bas à droite, pourrait être le Comte de Benevente, un espagnol vice-roi de Naples, qui a commandité l’œuvre. À gauche, une femme âgée, figure fréquente dans l’art du Caravage, comme un témoin attentif. À gauche de l’homme en armure, un espace libre, pour le spectateur.

6. Yoan de Gabrovo, icône, 19e siècle, Hadzhi Nikoli Inn Museum, Veliko Tarnovo, Bulgarie. On attribue à André des voyages en Bulgarie où il aurait prêché l’évangile et formé des communautés. Cette superbe icône exprime cet attachement à Saint André.

7. Vitrail, 1945, Chapelle Saint-André, Église Saint-Eustache, Paris, France. Ce beau vitrail fait partie d’un ensemble commandité par la Société de la charcuterie française, fondée en 1809, dont les saints patrons sont André et Antoine et qui célèbre dans cette chapelle. Deux attributs d’André sont soulignés : le filet, qui rappelle son métier, et la croix, qui évoque son martyre.

8. Harry Anderson, L’appel de Pierre et André, c.1960-1970, Church History Museum, Salt Lake City, États-Unis. Cet artiste américain de l’Église Adventiste du 7ème Jour a aussi fait plusieurs œuvres pour l’Église des Saints-des-Derniers-Jours (Mormons). Cette toile, avec son style réaliste et très vivant, rend bien le contexte de cet appel de pêcheurs en plein travail. André est le grand gaillard, debout dans la barque.

9. JesusMafa, c.1975, Collectif pour la catéchèse, Cameroun. La scène est inculturée en contexte africain, avec le village, le paysage et les personnages. À droite Jean Baptiste, en retrait, et à gauche Jésus. Les deux disciples de Jean Baptiste se dirigent vers Jésus, qui leur dit, comme sa main l’indique : Venez et voyez.

10, Cerezo Barredo, 1999, site servicioskoinonia.org/cerezo/indexAgraf.html. Ce clarétain espagnol a travaillé dans plusieurs pays d’Amérique latine. Son œuvre met en relief le peuple, ses espoirs et ses luttes. Il a été surnommé le peintre de la libération. Il a illustré tous les dimanches du cycle liturgique. Ici, nous voyons Jean Baptiste à l’arrière et Jésus à l’avant; entre eux, les deux premiers disciples, dont André et l’autre non-identifié en Jean. Le récit est actualisé : les disciples sont deux jeunes, un garçon et une fille. Ou demeures-tu? demandent-ils à Jésus, qui leur répond : Venez et voyez.

11. Berna, 2017, site évangile-et-peinture, Suisse. Les œuvres de Bernadette Lopez couvrent aussi tous les dimanches du cycle liturgique, avec un grand sens des couleurs. Jean Baptiste indique Jésus à ses deux disciples. Ils vont laisser Jean Baptiste et suivre Jésus.

12. Francis Hoyland, Voici l’Agneau de Dieu, 2009, Angleterre. Cet artiste originaire de Birmingham a réalisé plusieurs œuvres sur la vie du Christ. Ici, Jean Baptiste désigne Jésus comme l’Agneau de Dieu à ses disciples qui se dirigent alors vers Jésus, accompagnés d’un chien. Jésus se tourne vers eux. La scène se passe au bord de l’eau. La suite nous appartient …

Daniel Cadrin, o.p.


Dessins à tracer et à colorier

Jésus appelle les pêcheurs André et Simon. Modèle simplifié à tracer et à colorier, librement inspiré d’une peinture de Duccio di Buoninsegna.
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André, un modèle simplifié à tracer et à colorier, librement inspiré d’une peinture de Lippo d’Andrea.
Cliquer sur l’image pour l’agrandir et la sauvegarder!

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