Rencontres avec Jésus – Les rois mages

Illustration de la prosternation des rois mages inspirée d’une oeuvre de Fra Angelico

Nous sommes à nouveau toutes et tous invités à une nouvelle rencontre avec Jésus, en nous identifiant cette fois-ci aux rois mages, lesquels ont été parmi les premiers à s’incliner devant l’enfant Jésus. En s’inspirant des textes et images de cet article, imaginons ce que nous aurions vécu si nous avions été à la place des rois mages et témoignons-en sous forme d’écrits et d’images!

DES MAGES EN MARCHE : MATTHIEU 2, 1-12

Extrait de l’évangile selon Saint Matthieu

01 Jésus était né à Bethléem en Judée, au temps du roi Hérode le Grand. Or, voici que des mages venus d’Orient arrivèrent à Jérusalem

02 et demandèrent : « Où est le roi des Juifs qui vient de naître ? Nous avons vu son étoile à l’orient et nous sommes venus nous prosterner devant lui. »

03 En apprenant cela, le roi Hérode fut bouleversé, et tout Jérusalem avec lui.

04 Il réunit tous les grands prêtres et les scribes du peuple, pour leur demander où devait naître le Christ.

05 Ils lui répondirent : « À Bethléem en Judée, car voici ce qui est écrit par le prophète :

06 Et toi, Bethléem, terre de Juda, tu n’es certes pas le dernier parmi les chefs-lieux de Juda, car de toi sortira un chef, qui sera le berger de mon peuple Israël. »

07 Alors Hérode convoqua les mages en secret pour leur faire préciser à quelle date l’étoile était apparue ;

08 puis il les envoya à Bethléem, en leur disant : « Allez vous renseigner avec précision sur l’enfant. Et quand vous l’aurez trouvé, venez me l’annoncer pour que j’aille, moi aussi, me prosterner devant lui. »

09 Après avoir entendu le roi, ils partirent. Et voici que l’étoile qu’ils avaient vue à l’orient les précédait, jusqu’à ce qu’elle vienne s’arrêter au-dessus de l’endroit où se trouvait l’enfant.

10 Quand ils virent l’étoile, ils se réjouirent d’une très grande joie.

11 Ils entrèrent dans la maison, ils virent l’enfant avec Marie sa mère ; et, tombant à ses pieds, ils se prosternèrent devant lui. Ils ouvrirent leurs coffrets, et lui offrirent leurs présents : de l’or, de l’encens et de la myrrhe.

12 Mais, avertis en songe de ne pas retourner chez Hérode, ils regagnèrent leur pays par un autre chemin.

Commentaire de l’Évangile

Par Daniel Cadrin, o.p.

Le récit des mages demeure fascinant, à la fois étrange et suggestif. Depuis des siècles, il fait appel à l’imagination des chrétiens : il évoque des souvenirs d’enfance; il a suscité tant d’œuvres d’art, montrant les visages multiples, souvent somptueux, de ces personnages; il a provoqué des recherches de toutes sortes autour d’une étoile mystérieuse, qui est finalement plutôt l’étoile du Messie et de la rédemption. Il porte aussi la mémoire de l’Église, car l’Épiphanie, bien avant et bien plus que Noël, fut une grande fête chrétienne, célébration de la lumière et de la joie.

En même temps, c’est un texte très biblique, chargé de références directes et indirectes aux Écritures de la première Alliance : Isaïe, les Psaumes, l’Exode, Samuel, Michée, tous sont convoqués autour de la venue de ces mages et de leur prosternation devant Jésus, l’enfant Messie, le fils de David de Bethléem, le nouveau Moïse menacé. Oui, dit ainsi Matthieu, Jésus accomplit les Écritures, il ne se comprend qu’à la lumière de l’Ancien Testament.

Et tout converge, tout est mis en place, pour annoncer un message bien clair : l’universalité du salut offert en Jésus. Le Messie juif est reconnu par des étrangers, les mages, symboles de toutes les nations qui vont croire en lui (Mt 28,19). Les mages sont des savants, à la fois astrologues, médecins, devins, venus d’Orient, i.e. probablement de Perse ou de Babylone, aujourd’hui de l’Iran ou l’Irak, pays de vielles civilisations. On en a fait des rois à cause des références mentionnées, qui parlent de rois étrangers. Cette universalité est la pointe du récit, ce que les artistes ont bien compris, comme nous le verrons plus loin.

Mais un récit biblique, riche et dense comme celui des mages, offre plus d’une piste pour entrer dans le mystère du Christ. Je souligne un autre aspect de cet évangile : la démarche des mages, avec ses étapes. On peut y lire un itinéraire, un parcours spirituel, qui demeure très actuel et parlant pour nous. On peut y lire le récit d’une quête.

La première étape du parcours des mages est leur déplacement de chez eux, l’Orient, à Jérusalem, en quête d’un roi. Et cela, à cause d’un signe, un astre, un signe perçu dans leur propre univers de mages, d’astrologues, à l’intérieur de leur monde à eux; un signe offrant une lumière qui les guide jusqu’à Jérusalem.

Un signe, une étoile, est offert dans notre monde à nous, celui de nos relations, de nos travaux et nos jours : une découverte, un amour, une perte, une parole de quelqu’un, un visage, une souffrance, un pardon donné ou reçu, un signe qui nous met en quête, une lumière qui provoque un déplacement.

L’étoile guide les mages jusqu’à Jérusalem, où sont lues les Écritures. Car le signe ne suffit pas en lui-même : comment l’interpréter, que signifie-t-il? La clé est dans la Parole de Dieu, le signe conduit aux Écritures qui éclairent et envoient à Bethléem vers Jésus.

Ainsi notre quête, si elle est poursuivie avec ténacité, nous conduit jusqu’à la Parole de Dieu, à fouiller, lire, partager, prier, sans toujours savoir où elle nous mène. Elle va nous pointer du doigt un visage de Dieu sans puissance, à chercher dans nos Bethléems, hors des lieux de prestige, en des endroits méconnus de nos vies, de nous-mêmes, de l’univers.

Mais les Écritures ne suffisent pas à tout dire et mettre en œuvre, car encore faut-il aller à Bethléem, s’engager personnellement. Les mages le font mais Hérode et les scribes, qui connaissent les Écritures, ne bougent pas. La connaissance ne suffit pas. Les mages se mettent en route et l’astre revient, pas tout-à-fait le même car il est éclairé maintenant du dedans par la lumière de la Parole. Astre et Écritures, tous les deux maintenant ensemble conduisent à Jésus lui-même.

Si nous acceptons de nous déplacer encore, non seulement d’entendre la Parole mais d’aller là où elle nous invite, alors nous aurons la grâce de vivre, comme les mages, une rencontre, celle de la foi.

Puis les mages se prosternent et offrent des cadeaux en hommage au Messie universel, cadeaux d’ailleurs prévus par les Écritures (Is 60,6) et évoquant la royauté (or), la divinité (encens) et l’humanité (myrrhe) de Jésus. Ainsi ils deviennent croyants. Et enfin, ils ne retournent pas à Jérusalem, l’étape précédente, et ils ne restent pas sur place, au lieu de la rencontre. Ils retournent chez eux, dans leur monde à eux, là où tout a commencé, guidés cette fois-ci par une autre révélation, celle du songe.

Ainsi pour nous, la rencontre du Christ a lieu, qui change une vie, et nous y apportons nos pauvres trésors. Mais elle ne nous arrache pas à notre univers, elle nous renvoie chez nous. Non sur des chemins bizarres, ni pour nous installer sur place. Par des intuitions profondes (le songe), elle nous renvoie à nous-mêmes, à nos mondes où le premier signe fut donné, pour témoigner de cette rencontre, en vivre.

Un parcours comprenant un signe, une Parole, un enfant, un songe, qui part de l’Orient et y retourne, en passant par Jérusalem et les Écritures, puis par Bethléem et Jésus, la Parole faite chair. Ce récit n’est pas si lointain de nous, si loin de nous, étrange ou exotique. Il parle de nos propres cheminements de foi. Voilà la quête, le chemin de vie, auquel nous invite encore ce vieux récit fascinant.

Illustration de la prosternation des rois mages inspirée d’une oeuvre d’Andrea Mantegna

Images des mages

Ce récit est un des plus présents dans l’iconographie chrétienne, dès l’Antiquité. Dans ce domaine, c’est vraiment une star! À cause de l’importance de la fête de l’Épiphanie et aussi du récit lui-même, avec ses personnages, ses déplacements, et son message.

Une première remarque, bien pratique, qui permet de souligner le rôle et l’influence des arts visuels dans notre lecture des Écritures. En Matthieu, combien y a-t-il de mages? Aucune indication n’est donnée; et dans les textes anciens, on va parler de quatre, sept, douze, etc. Mais si vous avez à montrer cette scène concrètement dans une fresque ou une mosaïque, combien de mages inclure? Les artistes ont trouvé la solution : trois car il y a trois cadeaux. Et on ne peut mettre trois mages avec un cadeau et d’autres les mains vides!

Le message central est l’universalité du salut. Celle-ci est exprimée de plusieurs manières, pouvant se combiner : des personnages qui sont clairement des étrangers; qui sont d’âge différent (aîné, âge moyen, jeune); dont les origines culturelles sont diverses (européen, arabe, perse, ou asiatique, africain). La prochaine étape serait d’inclure des femmes.

Les mages peuvent avoir des postures semblables ou distinctes : l’un à genoux, l’autre incliné et l’autre debout. Ce qui est étonnant, c’est que l’aîné est prosterné et le plus jeune se tient bien droit, ce qui respecte peu les usages et les possibilités corporelles. Il serait plus facile pour le jeune de se pencher et de pouvoir se relever! Mais cela dit que l’aîné, par son expérience et sa sagesse, est plus prêt à adorer. Les mages sont fréquemment couronnés : ils passent de mages à rois, à cause des références des Écritures (Is 60,3; Ps 71,10-11).

On trouve aussi d’autres scènes, montrant les mages voyageant, en bateau ou en chameau, dormant et recevant le message d’un ange, ou rencontrant les gens de Jérusalem. Dans l’adoration comme telle, des chameaux sont parfois présents, indiquant l’origine orientale des voyageurs. Mais à l’évidence, certains peintres médiévaux n’en avaient jamais vus! On peut trouver aussi, comme pour la Nativité, le bœuf et l’âne, en lien à Isaïe 1,3.

Pour recevoir les hommages, la Vierge et l’enfant Jésus sont habituellement installés sur un trône, dans un style plus hiératique, ou simplement assis et accueillant les visiteurs. L’enfant se penche vers eux, les bénit, ou les touche. Joseph se tient à l’écart, méditatif, ou est absent. Les lieux de la rencontre varient : une étable, une ruine, une maison.

Si l’on veut faire aujourd’hui une crèche s’inspirant du récit de Matthieu, il s’agit de mettre des personnages de tous les âges et de tous les peuples, avec toutes sortes d’habits, pour dire l’universalité de la Bonne Nouvelle de Jésus le Christ.

Voici quelques œuvres, d’époques et de cultures variées, nous présentant ces mages :

  1. Adoration des Mages, relief en bois (cyprès), c.430, porte de l’Église Santa Sabina, Rome. Cette porte antique comprend plusieurs scènes de l’Ancien et du Nouveau Testament. Les mages sont identiques, avec un bonnet phrygien (d’Asie-Mineure, aujourd’hui en Turquie), indiquant qu’ils viennent de loin. Ils présentent leurs dons à Marie, surélevée et hiératique, portant une enfant Jésus qui n’est plus un bébé.
  1. Mosaïque, 6e siècle, Basilique St-Apollinaire-le-Neuf, Ravenne, Italie. Les mages arrivent avec leurs présents vers Marie et l’enfant Jésus, entourés d’archanges, sur la mosaïque suivante. Ils portent des bonnets phrygiens et leurs âges sont différents. Leurs noms sont inscrits en haut et l’étoile est à droite. Plantes et fleurs, costumes et couleurs, font de cette mosaïque une splendeur visuelle.
  1. L’adoration des Rois Mages, Missel de Robert de Jumièges, c.1020, Bibliothèque municipale de Rouen. Cette miniature médiévale reprend des éléments des œuvres précédentes, mais Marie et l’enfant accueillent les mages à bras ouverts. En bas, l’ange avertit en songe les mages dans leur sommeil. Fait rare, cet ange semble moustachu!
  1. Adoration des Mages, Hans Memling, panneau central d’un tryptique, 1470,Musée du Prado, Madrid, Espagne. Ce peintre flamand de Bruges a fait une œuvre très solennelle, dans un espace qui permet de bien voir chaque personnage. Le mage âgé est aux pieds de l’enfant qui le bénit; celui d’âge moyen est agenouillé à gauche; le plus jeune à droite est debout. Les trois sont très richement vêtus et ont enlevé leur chapeau. Marie assise et Joseph debout se tiennent dignement en silence. Des curieux sont présents de chaque côté. Derrière la scène, on voit le bœuf et l’âne et un paysage urbain.
  1. L’adoration des Mages, Jérôme Bosch, panneau central d’un tryptique, 1495, Musée du Prado, Madrid. Cet artiste néerlandais a fait des œuvres fortes et étonnantes. Les mages sont différents par l’âge et l’origine; le plus jeune est très élégant. Mais la scène revêt un caractère très dramatique par plusieurs éléments : le sacrifice d’Isaac, cadeau aux pieds d’une Marie réservée; la figure grotesque moquant le Christ outragé à l’entrée de la maison; l’hostilité de forces malveillantes; des batailles à venir dans le paysage en haut; et bien d’autres détails symboliques.
  1. Adoration des Mages, Vasco Fernandez, 1501, Grao Vasco National Museum, Viseu, Portugal. Aux éléments habituels de cette scène, une nouveauté est apportée. Au lieu d’un Noir, nous avons un Amérindien du Brésil, avec des caractéristiques très spécifiques. Les Européens commencent à découvrir les Amériques. Le peintre ici a compris la dimension d’universalité de ce récit, en incluant une figure nouvelle.
  1. Les rois mages skieurs, Heinrich Danioth, 1921, Suisse. Ce peintre suisse allemand nous montre les trois mages, couronnés et diversifiés, dans un décor de montagne, descendant allégrement la côte en skis. Rien ne les arrête. Image très rafraîchissante!
  1. André Bourgault, 20e siècle (avant 1957), Canada. Ce membre d’une illustre famille de sculpteurs de St-Jean-Port-Joli met en scène un chef autochtone, un jésuite, un coureur des bois, ainsi qu’un orignal de l’Est canadien et un bison de l’Ouest. C’est à la fois très inculturé et universel.
  1. Wise Men from the East, Hossein Behzad, 1958, Iran. Ce peintre iranien, de réputation internationale, a gardé vivante la tradition de la miniature perse, qu’il a aussi combinée à l’art contemporain.
  1. Visite des Mages d’Orient, Arcabas, 2001, Église Notre-Dame-de-l’Assomption, La-Tour-du-Pin, Isère, France. Dans ce tryptique du grand peintre chrétien français, qui a le don des couleurs et des formes, ce n’est pas l’aîné qui est à genoux. Un agneau est aux pieds de Marie, aux tresses blondes, dont le modèle est la mère de l’artiste. Joseph et l’âne sont en retrait. La croix est présente, comme en plusieurs de ses œuvres.
  1. Adoration of the Kings, James Janknegt, 2002, États-Unis. Les oeuvres de cet artiste du Texas, converti au catholicisme, sont très expressives et modernes dans leur style et leur actualisation. Ici, l’enfant Jésus, emmailloté comme au tombeau, irradie de lumière, avec sa couronne et l’étoile au-dessus de lui. Les mages, différents par leur âge et leur origine, sont méditatifs, yeux fermés. Ils ont déposé leurs couronnes.
  1. L’adoration des mages, Dominique Jacqmain, 21e siècle, Belgique. Cette artiste de Bruxelles a peint plusieurs scènes bibliques dans des contextes contemporains. Ici, le point de vue est original : c’est celui de l’enfant Jésus, ce qu’il voit. Les mages, différents aussi par l’âge et l’origine, n’offrent que leurs mains ouvertes. Quatre animaux, cheval et chameau, âne et bœuf, ajoutent une note joyeuse.

Daniel Cadrin, o.p.


Dessins à tracer et à colorier

Nous sommes invités à vivre de l’intérieur la rencontre entre les rois mages et Jésus.

D’après notre expérience, une des meilleures façons de se plonger dans le vécu de cette rencontre, c’est de la dessiner. Peu importe la manière, quelques traits et un peu de couleur peuvent suffire. Que l’on copie, trace ou colorie un modèle, l’important est de prendre un temps d’intériorité pour se familiariser avec le sujet. Aucun besoin d’avoir de l’expérience, il n’est pas ici question de performance artistique ni d’habileté. C’est une activité de contemplation à laquelle le dessin nous convie.

Vous pouvez utiliser une des images publiées dans cet article comme source d’inspiration, ou consulter les nombreuses images disponibles sur Internet sur le thème « rois mages », ou encore imprimer les modèles simplifiés ci-dessous pour les tracer et les colorier.

Prosternation des rois mages inspirée d’une oeuvre de Fra Angelico, modèle simplifié à tracer et à colorier.
Cliquer sur l’image pour l’agrandir et la sauvegarder!
Prosternation des rois mages inspirée d’une oeuvre d’Andrea Mantegna, modèle simplifié à tracer et à colorier.
Cliquer sur l’image pour l’agrandir et la sauvegarder!


Pour vivre pleinement le processus de création et d’appropriation des extraits des évangiles, les participants sont invités à se réunir en ligne en petits groupes. Nous offrons au besoin un soutien à la création de groupes (au moyen de rencontres Zoom).

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Nous sommes toutes et tous, quelque soit l’âge et la culture, invités à témoigner de la façon dont nous percevons notre rencontre avec Jésus en nous identifiant aux rois mages.

Nous sommes également conviés à librement partager nos images et témoignages directement sur le groupe Facebook « Rencontres avec Jésus »:
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